LES REVOLUTIONNAIRES
J’ai vu de jeunes révolutionnaires
ils étaient en deuil de n’avoir rien fait
et d’être comme des mannequins immobilisés
à se mouvoir dans le cerveau
comme des caméléons inertes
ils dansaient comme de piètres synapses
acculés sur le bord des falaises
et comme des mouroirs s’exprimaient
telle une anti-falaise
à force de ne rien être ils auraient été presque
une âme humaine, mais plus rien
en eux ne savait apprécier les choses qui viennent
ils dépréciaient la nature humaine
dans leur immobilisme lunaire
et comme des crevettes
respiraient l’air qui leur manquait
l’une d’entre eux, bougeait insensiblement
elle était figée dans son mouvement
et on aurait dit une image vivante
tétanisée par elle-même
c’est ainsi que les révolutionnaires faisaient la fête.