Tu passes, tu empruntes le tunnel de roche, mécanique, tu t’enfonces un peu plus. Tu suis les courbes, te baisses, t’accroupis, passe les ruisseaux souterrains. Tu flambes ta vie, chaque jour descends, pénètre un abîme sans velours, les côtes du circuit, les entrailles, les chemins humides, poisseux, ventrus, où ne s’agite aucun vent, juste une flamme monocorde qui s’amoindrit, s’asphyxie et s’éteindra.
La fantaisie de midi, l’espoir du soir : petits coins réglés au centimètre, permission tolérée, encore n’est elle pas dans ce coton que tu as une fois vécu, quand il te semblait qu’un couloir débouchait vers un champ fait de cette matière lumineuse du dehors.
Il te semble avoir perçu les deux rideaux tirés: un éclair et tu es retourné aux ombres de la torche, à la silhouette torturée, enfouie. Gardien des ruines et du mythe qui vit le temple debout. Tu ne peux pas croire qu’il y ait encore de ces colosses dressés, envahissants. Tu les a mordus, tu les as vus et cette vision peut moduler la roche.
La blancheur stupéfiante des rideaux s’impatiente alors que tu creuses, alors que tu es sienne, tu poursuis ton discours rébarbatif, irrité d’une roche qui goutte, s’éternise dans une fatigue glauque. Au lieu du seuil qui est tout, le seuil traversé de cornes taillées tu perçois cette même roche gluante, cette masse qui devient abstraite, suspendue au néant, cette mer d’eau croupissante, invivable, irrespirable : tu suffoques dans ton abîme.