Maintenant je vais écrire sur la tristesse
bravo les benzodiazépines
vous vous portez comme le gant d’une madone
faites en sorte que la tristesse soit à la mode
et qu’on fasse cas des choses ordinaires
comme d’un recueil où se posent
des matières granuleuses et du verre
cessons d’étendre des affres plus longtemps
et voyons comme la tristesse est productive
dans le sein de la terre qui se meuble
de déraisons et sentiments
non je ne fais pas de l’or
je fais des résidus et des miasmes
qui ont la couleur du temps et des choses durcies
je fais de la tristesse l’image qu’on switche
je fais de l’amour contemporain le fruit d’une expérience
qui mourra déjà dans le noir déjà dans l’ici
la cessation et l’immanence
j’ai confectionné des données qui ont du sens
partout sur les palettes productives
et les technologies saillantes
je me suis servi de l’attirail pour bâtir une chose
qui dans le fond n’a aucune importance
j’ai vécu comme on doit vivre avec l’âge
dans le puits d’une époque communicative
à ce point qu’on ne communique plus
ou que les neurones saturés de données
ont peine à transmettre des choses plus saines
qu’une suite de chiffres parfois absurdes
et qui pourraient un jour devenir un pur délire
faites encore éclore le dernier bourgeon
qu’on puisse radicalement être comme un enfant
comme l’adolescent qui n’a ni queue ni tête
et qui de son expérience devance les penchants
qui est chamanisme et vierge comme le ciment
comme l’air et l’hélium