Jeune fils d’un Franc-Maçon, acoquiné avec un bon nombre de frangins de la région de toutes professions, notamment médicales, je n’avais pas trop à me soucier de l’avenir, sachant que quantité de fric se brassait d’une villa à l’autre, des sites protégés et sauvages aux hauteurs du nord, parées de belles Maserati. Voilà comment je gagnais mon argent, en satisfaisant les uns, en aidant d’autres et en apportant du grain à moudre parfois électrique à leurs discussions que je suivais de loin.
Mon avenir était tracé et je n’avais qu’à monter une petite entreprise, bosser avec un tel ou un autre, ou encore m’avancer dans le monde des arts avec toujours en coin le sourire d’un mécène intéressé.
A cette époque je les voyais à la bonne, il riaient beaucoup, bons vivants, spirituels sans être lourds, c’est à dire qu’ils avaient pleinement conscience de leur caractère laissé en l’état. C’était un jeu, entre rites et déisme, loin de l’immanence et ses vicissitudes. « Mais ne soyez pas trop humain, vous ferez des erreurs. Nous, vous savez, nous sommes pleinement diplomates. Le plus haut gradé qui soit, il n’a pas plus de mérite que vous. Vous connaissez sûrement une histoire qu’il ne connaît pas et même et surtout, venons-en à ce point précis, une initiation, car elles poussent un peu partout dans la nature et la ville, et la marchande de poisson risque de connaître déjà la révélation ultime. La voilà qui rit et grince des dents. »