LITANIE DE L’ENNUI
Les jours sont longs, trop longs
Perce l’écorce comme le requin tigre la carapace des tortues de mer
Que le sang jaillisse, trouble les eaux salées, les fuites de lumière
Souviens-toi, une seule minute, une seule suicide les heures
La tuyauterie grince, après que l’eau se soit engouffrée dans le siphon
Fais des réseaux sanguins un artifice, une fête précise, un jeu patient
Fais des arêtes un tableau abrupt, une rugosité attractive, une veine
Fais des artères un monde, des nerfs un spectacle, de ton intelligence un œil
Il n’y a pas de couleurs, il y a une palette personnelle
Il n’y a rien qui nous surprenne sur les axes routiers
Puisque les choses sont mortes dans leurs cervelles
L’écume est morte mille fois et mord sa vague, ses profondeurs
Rien ne subsiste, les étalages de légumes sont passés au jet d’eau
Les pays manquent de soleil, les soleils sont faux
Les fruits sans relief, sans lumière