Banlieue ouest (suite)

Je croise un peu avant une fille à la sortie d’une station de cette même ligne de tramway qui rivalise avec le paquet de sensations métaphysiques – métaphysiques car ensevelies en moi-même, intériorisées – que j’ai pu éprouver jusqu’ici. En elle tous les paradoxes, toutes les accroches et les rêves fermentés, l’amour pour le père certainement, qui ne la rend pas accessible à ses camarades. Au lieu du décor, de l’anima, de toutes les extensions possibles du cerveau, je croise un corps physique qui les concentre, les révèle. Ce qu’il y a en elle de paradoxal est sa tenue exagérément sensible, superficielle à outrance, une gothique sculptée à la manière d’une geisha qui me toise comme une qui ne sait rien ou n’a rien vécu que son cocon fallacieux, où pourtant je décèle quelques vérités. C’est d’ailleurs ce qu’elle saisit simultanément, ce mélange de vérités et de paradoxes qui jouent sur l’impossibilité et la rêverie plastique. Je sais la mièvrerie profonde qui l’agite depuis quelques mois, et qu’elle mêle au temps, au devenir, voire à l’éternité. Ayant succombé tantôt à ces poisons filtrés, je semble en chercher les esquisses dans cet environnement adéquat et c’est là qu’elle me surprend, et croit comprendre, ou affirme, qu’elles lui sont destinées.

La nuit se fait, autour de l’obscurité le gris des murs se confond. Les rues toujours à portée de tramway, cette fois dans une province plus marquée. Je monte dans ce décor vital, m’enfonce comme dans une poitrine. Où les crins ténus, les allées princières, la richesse se font. J’atteins d’autres lignes, plus rapides, qui mènent à Montparnasse par l’acier.

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