L’immobilité est le rêve du ridicule, la porte de sortie, l’entrée vers l’autre possibilité de l’action. Penser en marchant, s’endormir, creuser ses sillons et se cloisonner dans l’habitude : rien n’y met un terme que l’immobilité. Et pourtant celle-ci dépend du reste, de l’activité qui en est le support préalable : on stagne mal si on n’a pas bougé, vécu, et l’on vit pour vivre d’avantage, on s’aventure pour préparer le seul voyage.
L’être immobile voit le mouvement, le ressent plus encore que le sportif, perçoit son extension, sort de son inertie véritablement. Il n’y a pas de vision sans ce savant mélange : le mouvement et l’immobilité jouent au chat et à la souris, et personne ne capture l’autre, les deux se poursuivent, s’enlacent, se griffent, se mordent mais se réconcilient : c’est là le voyage.