La bêtise a toujours été le terreau de l’exception. C’est à la bêtise que nous devons tout notre rayonnement qui n’appartient en vérité à personne, si ce n’est à ce cadavre absent et révolu de quelques tourments magnifiquement passés au crible de la poésie et qui nous pénètrent comme un vent, mais dont on ne retient aucune parole, car il ne faut jamais lâcher prise. Il faut survivre dans l’hallucination d’un réel, – celui qui ferme les portes, cadenasse les tempes – l’acharnement à ne rien perdre dans ce fatras de futilités.
Il est certain qu’une exception naît d’une nullité ambiante par le biais de la distance, d’un détachement, d’un isolement obligé. Plus l’esprit s’élève, plus il se détache de son prochain qui ne lui a permis aucun partage, aucune aisance de communication. Rien qui ne soit venu le rasséréner. Il se doit de combattre, toujours et développe cette qualité et ce défaut de l’exception. Puisque rien n’a le reflet de la beauté, l’apparence d’une vérité, l’échec qui nous a éclaté au visage, qui nous a conduit à tout un cortège de violences et de fantasmes doit s’épanouir par l’art ou l’écrit, maigre réussite, mais qu’y faire ?
Prenez l’Allemagne et la Russie, vous verrez une connivence intelligente, une vraie culture loin des débats stériles sur une unité cadavérique. Prenez leur littérature vous verrez une simplicité, un don de soi, un désir de distraire, de faire aimer, d’apporter quelque chose. Rien de tout cela dans la France perdue.