Le sens et la déréliction.

Seule une personne qui n’a aucun sens à sa vie sera travaillée par l’idée du sens et travaillera les autres avec cette idée. Le sens est un don et une personne hautement pourvue en sens ne se posera jamais la question du sens, car tout a un sens pour elle, même dans la dépression ou le malheur. Mais le travaillé du sens, l’homme vide, qui communique son vide, est parfois condamné à ne jamais trouver de sens. D’où son désir d’obtenir, quand bien même il serait un monstre ou un reptile, à défaut de pouvoir être et de trouver la paix. Cette âme errante, à la recherche du sens qu’il n’obtiendra jamais – il est né ainsi – et qu’il perdra toujours plus malgré ses obtentions, ce condamné vit donc par procuration, et recherche uniquement pour obtenir. Il tentera d’approcher des concepts qui lui sont étrangers, et jalousera ceux pour qui la vie est naturelle, même dans la souffrance. Cela pourra être imperceptible pour le profane, mais il est une vérité sacrée que l’absence de sens recherche la sacralisation, car elle n’y voit rien en ce monde que des brumes et des formes qu’elle convoite. Son sens déprécié pourra conduire le monde à sa perte, le monde qui l’a suivie dans sa quête insensée de sens, et si ce monde est devenu insensé à son tour, il pourra la suivre dans on erreur, ou se retrouver dans son absurdité.

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