L’expérience de la pureté est réjouissante. Elle prouve que les sentiments les plus purs sont les plus délicats et sensibles. Elle sait que la cruauté les atténue et que dans l’ensemble elle est largement inférieure à la pureté dans la qualité du bonheur. Sinon pourquoi envierait on la pureté ? Pourquoi voudrait on s’en pendre à elle ? Une personne enviable n’est pas un petit calimero, mais une personne forte et sensible, une personne attirante, pleine de richesses. La cruauté n’est plus alors un désir de faire mal au plus faible, mais de se venger des sentiments plus subtils que les siens, jusqu’à vouloir les atrophier et les faire disparaître. Un jeu d’arène peut alors émerger, une liesse populaire comme dans les tableaux de Brughel, un jeu de massacre où chacun a son mot à dire et se rejouit du malheur du prochain, commettant des actes illégaux sans le moindre scrupule. La liesse peut virer au lynchage gratuit. La liesse populaire a toutes les excuses. Les excuses qu’on se trouve viennent de ce qu’ensemble nous n’avons pas droit à une qualité supérieure du sentiment. Ensemble nous somme forts, et nous pouvons venger nos manques.