UN JOUR…
j’ai vu la longue esplanade calcaire, et celle-ci était la couleur, la couleur le calcaire, l’amoncellement de la poudre le milliard de pigments, désormais mis à nu. la roche émiettée, brisée comme un guano, incapable de combattre ce qui en elle était couleur, couleur qui lui faisait front, défiait la dureté que les siècles sont venus vaincre.
définitive victoire, la couleur sur le néant, le relief permanent de la couleur. jusqu’à la nausée du trop, l’infinie rugosité du pigment dont chaque grain prenait le corps à témoin. rien n’eût été plus impossible que l’origine de cette profusion de couleurs, noyée, presque anéantie par l’expansion de ses filles qui s’écoulaient comme banc de sable, liant l’œil à la gorge, la gorge aux poumons.
cela roulait comme un goudron granuleux, l’angoisse de ce flot continu roulait, presque égale au nombre de ces grains tout en s’apaisant, se recueillant à la manière du néant qui leur donnait vie. chimie jusqu’à l’extinction, le tout chimique en état d’ébullition, tempête qui se nourrissait de ces galaxies mouvantes.