Mes mains bâtissent le monde. On bâtit toujours avec ses mains, on martèle parfois avec un marteau le monde à bâtir, mais ce sont encore ses mains qui bâtissent. Je ne voudrais pas paraitre présomptueux, mais que voulez vous, c’est bien vous qui m’avez apporté ma place respective. Vous y ai-je incité mes chers disciples ?
Un esprit pur nous influence, vous voyez, on bâtit avec ses mains, et ses mains sont des lobes cérébraux, ce sont des danses qui se meuvent et l’esprit rejoint parfois le fleuve du corps, les fleurs de l’avenir, la beauté éparse, l’horizon qui se soulève, le crépuscule des heures, des tentes dans le désert.
Je suis cet oasis et ce désert qui forme les dunes du temps et les mirages d’un autre temps qui se diffracte sous l’effet d’une trop grande chaleur. Ai-je seulement construit ces dunes et ces mirages pour vous ? La beauté a t-elle été bafouée ou bien auriez vous agi d’une manière innocente qui ne puisse être retranscrite ?
Ai-je bâti des sceptres de l’avenir en vain, pour une polémique qui se perdra dans les méandres et les rides des dunes comme d’anciennes preuves d’une majesté réduite par le temps, comme des sphinx éternels qui regardent une chose indécise, bien loin des centres, des villes périphériques où l’on bâtit des consolidations face à l’épreuve du vent et du temps ?
Où est le temps, me l’a t-on subtilisé, me l’a t-on pris pour bâtir d’autres entités, d’autres cités hégémoniques ? Le temps se partage, il se passe d’un corps et d’un esprit à l’autre. On fait le bien et le mal. C’est moi même qui aie construit cette morale aléatoire, et qui ne suis rien et tout face à un temps qui se profile et dont on n’a jamais rien su.
Où filera l’éternité, comme un serpent qui ondule ?