Être en bonne forme permet d’être con, vulgaire et méchant. Et c’est le sens et la marche de notre civilisation, la bonne forme, évacuer le sens premier, galvauder le sens, créer un sens artificiel, se déshumaniser. Être con, être le reflet et l’image du monde lui-même. Je la perçois souvent chez moi-même, la connerie, et Dieu que j’en ai horreur, mais je me rattrape, parfois je l’exagère pour pouvoir m’effondrer, m’effondrer de connerie pour ensuite pouvoir me relever lentement, après m’être régénéré par l’effondrement, et que je plains ceux qui sont stables, ceux qui bataillent dans la connerie en ressassant toujours les mêmes idées. On les voit clairement, car ils racontent toujours la même chose, ils deviennent des bornes repérables dans un monde de connerie, les nouveaux phares.
La connerie, stable et éternelle, le mode de vie que l’on voit partout, et dont tout le monde souffre. Je me demande seulement comment des femmes stables que j’entrevois font pour ne pas être si connes mais receler de la finesse en elles sans jamais vraiment s’effondrer. Comment diable font elles pour assumer un tel monde de connerie, c’est un grand mystère pour moi. Peut-être les surestime je un peu, je ne sais pas.
Il est vrai que j’aime jouer sur la connerie, mais je sais que cette ivresse se tarit en moi au bout de quelques minutes, et je deviendrais vraiment décérébré et nauséeux du ciboulot si je persistais. Je ne le peux proprement pas. Je ne peux pas être con, mes nerfs ne me le permettent pas, ils ne me permettent pas grand chose, si ce n’est d’être fin, car ils sont si élimés, si subtils. Comment peut on être con, en se satisfaisant de la bassesse, mais comment tenir, comment font-ils ? Comment est ce possible ? Et pourquoi cela rend les hommes laids et pas les femmes ? Sont elles moins connes que les hommes, ou bien ne se sont-elles pas de ce monde tout en y étant pleinement intégré ? Le genre est trouble, les apparences aussi.