Moins il y a d’émotions, plus on s’agenouille devant des émotions vides, au nom peut-être de tableaux noircis qui semblent son enfance. Mais le maitre des tableaux c’est moi, l’émotion c’est moi, le lien c’est moi. Et les vieux et les manchots, toutes sortes de comploteurs gravitent autour du maitre des arts et de la passion. Ils gravitent envers ce qui a fait les nations, ce qui a fait la culture. Tout n’est que gravitation. L’emprise est une gravitation, l’artiste est celui qui passe à travers les sphères gravitationnelles, celui qui bâtit des édifices avec des vapeurs et des minéraux, celui qui transcende le monde. Mais autour on gravite, on négocie, on calcule, on thésaurise, on utilise la jeunesse pour accomplir le fantasme de la vieillesse.
Le sommeil de l’oiseau. (poème cucul qui fait cuicui)
J’ai entendu l’oiseau de nuit
son pépiement est un infrason
il est une demoiselle d’hiver
dans le vaste son de l’univers
éperdu en soi, lui aussi gravite
à la manière d’une onde subtile
que visitent les affres d’un mauvaise nuit
mais lui et si pur et cristallin
il est d’hiver comme de toujours
et dans le froid remémore l’enfance
d’un temps où parents et voisins
ou l’existence sociale d’un enfant
déjà dans des soirs et des nuits
dans des esprits qu’il ne comprenait
à qui il ne pouvait répondre
dans ce langage était sa voix
il n’avait pas tant d’habitat
que le soir et l’extérieur
et la fantaisie d’une nuit
qui perd ses oracles