Le pn mène toujours des enquêtes. En vérité il passe son temps à faire cela, il passe son temps à apprendre ce qu’il faudrait vous dire pour avoir votre adhésion, il récolte des informations toute la journée, avant de vous les servir dans un syncrétisme qui vous impressionnera. Ce qui lui importe, c’est votre adhésion et non le bien public, ou bien vous faire intégrer ses opinions dont il ne peut se débarrasser. Voilà sa lutte silencieuse et son acharnement, il copie, il intègre, puis il vous sert ce que vous voulez entendre.
Ayant touché ce qui vous est cher, il emporte votre adhésion. Mais il ne s’agit pas là d’un parti politique, mais d’un intérêt personnel, d’une revanche sur un sentiment d’exclusion, qui constituera son principal bonheur. Ce qui l’intéresse n’est pas de vivre ce qu’il n’a pas vécu, mais de le venger. Comme toujours une fois qu’il a votre adhésion, il n’évolue pas, il ne la prend pas vraiment en compte, ce qui l’intéresse est votre adhésion, qui peut avoir tous les oripeaux contradictoires du monde. La contradiction chez lui n’est pas une richesse, mais un pôle unique. Elle n’est pas une dialectique, mais elle est ancienne, éculée, absolutiste, sans nuances.
Vous serez avec lui en raison des valeurs qu’il défend. Evidement elles sont toutes positives : fraternité, aide, fin des discordes, unité, paix, amour, respect, etc. Mais quelqu’un qui l’a vu de très près sait qu’il n’en est rien. Il sait qu’il les invente et qu’il les récite pour soi. Car c’est lui-même en premier lieu qu’il veut convaincre, qu’il veut changer, et c’est pour cela que vous le croyez si investi, si sincère. Il ne l’est pas, il s’exhorte, sans fantaisie et par un discours terne, à être ce qu’il n’est pas, il sort de lui-même, pour vous rencontrer, mais c’est une projection de lui que vous rencontrez, sans corps. Une idée, sans charme, un pur mensonge. C’est ce que son porteur qui n’est pas voudrait être. Cela peut-être intéressant dans l’art, mais là il ne s’agit pas d’une création ou d’une fantaisie, ou bien d’une rêverie personnelle, mais d’un truchement, d’une escroquerie.
Il imitera aussi la nuance, pour ne pas être démasqué. J’ajoute que ce n’est pas forcément que ce soit une personne mauvaise qui prêche un discours, mais une qui a peu à proposer qui compte également. On pourrait penser qu’un sataniste par exemple pourrait plaire, mais ce serait là un homme de force et de virilité, d’aventure et non de morosité. Je ne fais pas l’apologie de cela bien sûr, mais j’explique qu’il ne faudrait pas y voir cela. Car la folie du pn n’a pas de courage. Elle n’a rien de cette durée qui pourrait conquérir plus longtemps un auditoire ou le pousser à s’aventurer dans des zones véritablement nouvelles. Je dis cela aussi car beaucoup d’imposteurs étaient des hommes malfaisants, et que la stratégie du bien, selon moi, l’est encore plus. Elle a ce caractère rassurant.
Imaginez bien de qui viennent ses propos, de moi-même, moi qui sais à quoi j’ai affaire, moi le créateur, moi l’esprit sensible, moi la victime de quelques personnes similaires aussi. Je n’ai jamais vu d’harmonie, mais une chose brisée à laquelle il fallait adhérer, en dehors des cérémonies, une chose pour laquelle il fallait se soucier, abandonnant nos vies et nos intérêts légitime, certes avec un espace de liberté, mais toujours à sa solde. C’est dans cet espace et dans ma liberté que je me suis construit. Certes le contexte spirituel m’a enrichi, je m’en suis servi, et j’en ai fait quelque chose de beau. Je luttais avec ce qui devait m’être inculqué, je l’ai intégré, je n’ai rien affiché à chaque coin de rue, et la preuve que j’ai pu créer avec tout ce que j’ai reçu comme héritage et surtout ailleurs atteste de la sincérité de ces créations.
F.T.