Idéalisme et matérialisme.

Être un rêveur idéaliste et être tout de même un réaliste, voilà une formule assez absconse. Mais qui signifie bien, si l’on met un décodeur, que le rêve et l’idéalisme ne sont pas assumés, qu’ils ont un besoin de matérialisme qui annule leur portée. Ce syndrome Anglo Saxon, si jamais il était bien explicité, signifie dans certain cas une vision parfaitement binaire du monde où le rêve et le réalisme sont radicalement écartés et n’ont pas d’accointances entre eux. Il n’y a pas de mesure dans cette formule, d’interaction avec le cosmos et le monde, mais une division fondamentale, quelque chose d’irrésolu et d’improductif, une binarité ancienne. Se rattraper dans le matérialisme le plus strict et sévère, c’est un peu le contenant qui détruit le contenu, un contenu, trop fort, trop pur qui doit être annulé. Une méconnaissance de soi à savoir résoudre ses problèmes et être entier, une manie. Cette manière là d’annuler ce qui n’a pu être vécu de supérieur, en se rattrapant sur le matérialisme, voilà le signe d’une personnalité inaccomplie. Car préciser qu’il faut être réaliste, c’est nier le réel qui n’a pas pu avoir lieu, c’est le haïr, et évidement l’envier chez l’autre qui a du réel en lui, de l’immanence. C’est une solution basique face au manque de cohérence en soi, une certaine violence. Ce besoin de matérialisme ou de lumière est le signe d’une condition irrésolue, d’un handicap à communiquer avec le monde.
Et qui aurait eu besoin de préciser qu’il faut savoir être réaliste, seuls les fous les plus éloignés du réel et de l’entendement ont perdu peut être un certain réalisme. Par conséquent voilà ce qu’il y a de plus désenchanteur, voilà ce qui discrédite toute forme de rêve idéaliste, de ne savoir apporter un bonheur réel, une autonomie en soi pour qui le rapport au réel est évident.
Le monde ne s’ouvre pas de cette manière là, mais s’ouvre et se referme successivement, ne laissant pas de trace en soi, une manière d’être habité et de se sentir investi par le monde. Il est inquiet et instable, le contenant prend le dessus sur le contenu. La matière annule la charge d’un prétendu rêve. Cela ressemble à un jeu absurde où l’on obtient jamais ce que l’on veut, où l’on prétend des savoirs avant de les perdre et où l’horizon est une idée plutôt qu’un sentiment.

(10 : 25)

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