CELLE DU DEHORS
C’est exactement ce que je pensais : elle est libre dehors. J’ai su quand elle chantait qu’elle était libre dehors, et ensuite je l’ai vérifié. J’ai su que par un mystère qui peut sembler douloureux, elle gardait cette fragilité au dehors, légèrement durcie par cet extérieur, mais qu’elle arrivait à en faire une certaine intimité, une présence qui se mêle au décor. Et pourtant une légèreté persiste qui se sent espiègle. Une telle chose, comment la nommer. C’est une forme de liberté privilégiée, une liberté qu’on donne au dehors pour qui ne sera jamais forçat, pour qui aime vivre.
Cela me semblait dangereux, je le voyais mal et j’ai vite souffert qu’elle puisse ainsi fusionner avec le décor dans une bourgeoisie ambiante, car elle n’est pas errante, elle est bourgeoise et elle aime l’errance en moi, qui est un ancêtre de bourgeoisie peut être. Elle aime le forçat et la grande fragilité qu’il est. Elle a transformé les deux pour en faire sa parodie et son amour.
Je la soupçonne de ne pas être moi du tout, je devrais laisser faire cette étrange cocon quelle mène en ma fausse compagnie. Elle me ment. Elle n’est pas mon miroir et il semble qu’il y ait une machination parfois. C’est elle qui dit ces mots bourgeois. Je suis simple et naturel. Je suis altéré, elle me semble si saine.
Rien n’est compliqué ni pour moi ni pour elle, elle choisit des mots qui le sont, je choisis de la sauvagerie. Notre bourgeoisie s’est rencontrée. Elle prend en pitié la même chose qui nous unit : le décor. Des attaches d’arbres, des pelouses. Tout est sain, nous le voulons mais alors. Pourquoi ne pas délaisser une certaine impossibilité.
Je n’ai jamais voulu que la joie.