Le grand théâtre

Il y a dans le théâtre réussi cet état brut et réel mais fantasmagorique, c’est à dire qui ne peut pas se produire en vrai, par pudeur ou par honte, par conditionnement. Et voilà la réunion du dionysiaque et de l’apollinien, voilà la touche vibrante et vraie qu’on ne peut voir ailleurs, mais qu’on ressent sans cesse.

Qu’on aime à ressentir, pour que toute cette grande mascarade ait du sens, pour que la misère perpétuelle ait ce goût du beau.

Je vois dans les râles des personnages ruinés des pièces de Beckett, dans leur peau de chagrin existentielle comme une lumière, cette lumière nous la voyons enfin, elle nous fascine, mais nous l’avons toujours vue, ou connue, d’une certaine manière. Ce n’est pas qu’on s’ y retrouve, c’est qu’on la retrouve comme on l’a vue parmi cette peur de tout perdre.

Il n’y a rien à voir au-delà, il y a tout à voir dedans, sur cette scène, le ventre des villes, le ventre sale des villes, la poussière factice du plancher d’où sortent comme des pantins, de savants pantins qui jouent cette lumière.

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