Être un millionaire de gauche a ceci de vraiment cool que l’on puisse déculpabiliser de ses privilèges contrairement au millionnaire de droite qui les assume.

La politique c’est : pareil ou pire.

Le mieux et l’espoir c’est : du temps gagné.

Souvent je me réveille à gauche et je m’endors à droite.

L’opinion est une vocation. L’intelligence, un flottement.

L’intelligence exclut toute forme de rigidité. Elle n’a pas besoin d’agir.

La rigidité de l’action est sans doute plus en phase avec le monde.

On peut concevoir une intelligence qui n’aurait pas besoin du monde.

Un monde sans corps serait un progrès indubitable.

On progresse quand on régresse vers soi.

Un bonheur collectif est un fantasme personnel.

Les stoïciens avaient compris que le bonheur public nécessitait le malheur.

On est parfois châtié de s’être trouvé.

Le bonheur comme châtiment cible l’inutilité du progrès.

On peut parier que des obstacles étranges surviendraient dans le meilleur des mondes.

L’amour est un privilège et la haine le luxe de l’exploité.

L’engagé a ce défaut par rapport au désangagé qu’il créé un grand nombre de situations défavorables qui nécessitent son engagement. On peut dire qu’il se nourrit de lui-même pour occuper son temps. Le désangagé se nourrit également de lui-même, mais il passe plus de temps à se digérer.

Il faut parler immédiatement pour briller et réfléchir longuement pour ennuyer.

Quelqu’un qui essaye de faire passer son ennui pour de l’éclat a quelque chose d’un faux diamant.

L’ennui a de grandes aspirations qui feraient peur au bonheur.

Moins l’ennuyé a peur, plus la catastrophe s’annonce.

Les sciences nous en apprennent toujours plus à mesure que l’on pense avoir touché un certain équilibre ou un certain bonheur prochains. Elles se multiplient et se diversifient comme un enfant qui se moquerait de toutes les astuces possibles qu’on emploierait envers lui pour lui faire manger sa soupe.

Plus le bonheur paraît simple, plus la science nous explique le contraire.

L’homme premier aurait sans doute été découragé de connaître tous les progrès de la science.

On a fini par appeler sciences humaines ce qui se moque franchement plus de nous que les sciences d’alors.

Quand un téléphone fixe sonne j’ai toujours l’impression que j’ai fait une bêtise.

Les anciennes sonneries de téléphone nous font pressentir comme le monde n’est pas plus angoissant qu’avant. C’est sans doute cela qui est rassurant.

Ce qui est surprenant, c’est que la justice est du côté de ceux qui ont davantage préservé le bonheur plutôt que de ceux qui commettent des crimes pour l’avoir perdu. C’est une loi plus animale qu’humaine. Mais quand un humain rejette le bonheur commun, il semblerait qu’il soit à la fois un criminel et un justicier, mi homme mi animal.

S’examiner est une chose honteuse, coupable et ridicule. Seule la création et la relation ne le sont pas. Mais des personnes qui se regardent dans leur relation et leur création comme Matzneff ont des relations et des créations honteuses et coupables aussi.

Le chaos a beaucoup plus de perspectives d’avenir que l’ordre.

Les possibilités du chaos sont beaucoup plus légères que celles de l’ordre.

Les personnes parfaites votent souvent au centre, ce qui peut facilement se comprendre.

Il faudrait une application Sénat sur son portable pour savoir si cette année on a le droit ou pas de faire la chose qu’on veut faire.

Ce qu’il y a tout de même de bien avec le Sénat, c’est qu’en ne servant à rien il prévient des accélérations et des décélérations qui pourraient être néfastes en donnant le droit ou pas une année sur deux de faire telle ou telle chose.

Le président de l’assemblée nationale ne peut qu’accumuler une sagesse taiseuse qui lui sera rarement profitable mais lui assurera un certain dégoût des avancées, tel un homme mélancolique sur une grève regardant incessamment des couchers de soleils sans jamais pouvoir agir. Je pense à vrai dire à ces deux personnes assises derrière la présidente dont personne ne sait rien, et qui sont là comme des victimes choisies au hasard pour assister au spectacle de la vanité humaine. Ou bien un échelon beckettien dans le désespoir amènerait des politiciens toujours plus déçus jusqu’à obtenir la place fatale de ces deux sièges, accumulant en soi toutes les intempéries sans pouvoir agir ni profiter de rien. Qu’on leur reconnaisse une certaine sagesse en lot de consolation, une sagesse qui s’effacera. Ils sont un peu comme des derniers de la classe au premier rang, ou plutôt des premiers de la classe au dernier rang et dont les bons résultats ne servent à rien.

J’ai l’avantage et le désavantage d’être célèbre par rapport à Pessoa.

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