Conduits

CONDUITS

J’entends le million de voix de la ville – ou est-ce le vent à travers les conduits ? Je prête attention et entends une clameur infinie, grouillante d’intonations, une lame de bulles blanches menée par un bateleur. J’entends ce million de souffles, au-delà de l’inertie, la nuit, les masses noires comme la preuve qu’elles ne sont rien. Ils pénètrent les conduits : les sourires crispés, sincères, enjoués, le tremblement de la foule comme à une course hippique sans âge, regroupé sur les estrades de l’hippodrome voisin, pénétrant tous les interstices.

Je n’interprète rien, cela existe, j’ai cette faculté des sens, au-delà des sens mais qui semble une perception, cette faculté d’entendre le bruit sans âge qui nous vient et se faufile, passe par toutes les embouchures pour se révéler pleinement à son auditoire inconscient : l’infinie intonation qui va en s’amplifiant. Cette chose qui pullule et monte, l’accumulation de vies, chairs et sens, paroles qui n’ont pu mourir tout à fait ou s’éteindre dans notre nuit – l’antichambre de la ville, là où l’on entend prêcher, grésiller les voix, grincer les cordes vocales dans une profonde simplicité.

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