Je peux clairement dire que j’ai une fantasmagorie très faible. Mes principes de contemplation ne le sont pas, et le fait que je pâtisse entre sujet et objet ôte de moi la fantasmagorie si propre à chacun. Que les autres n’aient pas de rapports mentaux au décor et au visage les font fantasmer sur des réalisations arbitraires. Je sais pour ce qui me concerne ce qu’est un paysage ou une aventure. Je sais ce qu’est précisément un lieu et sa cartographie psychique. Ainsi je peux dire que je n’ai pas de fantasme. Mais celui dont l’évasion sort d’un creuset de cette nature inanimée a pour lui l’entièreté des décors qui se structurent sur un seul et même relief : celui du corps convoité.
La lente insinuation de ce désir devient un rejet et à terme l’origine de la haine. Là où je vois une haie, il voit une haine. Le jeu sur les insinuations devient le calvaire de celui qui tourne toujours autour de son rapport fantasmagorique, et son emploi du temps, sa structure interne gravite lourdement sur ce mythe de la relation réussie.
Or ce qui réussit a toujours échappé au contrôle despotique de la relation fantasmée, et c’est le malheur de l’obsession que de ne pouvoir réussir.
Par conséquent c’est ce qui s’écarte du sujet de l’envie qui est envié, et c’est ce qui est plus vital qu’une obsession qui est désiré. Mais cet autre désir de destruction, propre à l’organisation neuronale et stable de l’obsession, est un rouleau qui touche tout ce qui se présente à sa portée, et le regard du contemplatif risque d’être heurté et ne voir que le long décollement qui est instigué par les acteurs de cette obsession.
Il les voit donc si bien que son objet de contemplation porte toute la bizarrerie de la haine et de la beauté. Il devient créateur, créateur des muses et des démons.