Thyma.

On brûlait parfois du thym
Devant les portes des temples grecs
Les temples archaïques où la philosophie
N’avait rien encore essaimé mais seulement
Ce goût d’un ordre et de ciel qui semblait solide

On brûlait du thym pour l’offrir aux dieux
Car le thym brûlé a cette odeur douce et délicieuse
Et propre à éveiller un certain feu intérieur

Cette beauté odorante s’envolait en volutes au ciel
Cette beauté sidérale se décomposait et dansait
Et lançait sa charge sensorielle dans des lacis de fumée
Qui partaient et mouraient

On fit des sacrifices humains ailleurs ou au même endroit
Puis on a sacrifié le thym parce qu’il était plus pur
Et moins nocif que la chair humaine
Sans doute aussi plus moral

Je serai toujours ces volutes et j’aimerais n’être qu’un feu
Une décomposition de l’organique générant les âcres fumées
Et l’âcre amour qui monte aux cieux

Pour vous j’aimerais brûler
Être de cette terre et cette flore condamnées à mourir
Pour s’offrir corps et âme à cet élément placide du ciel
Où les dieux légifèrent et s’émeuvent à la fois
Sans jamais ne pouvoir m’enlacer

Je serai pour vous l’éternel thym qu’on brûle

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