J’ai cet empêchement de la substance nerveuse et pensante. Dans le vague et la rigidité, je dois attendre. Rien ne m’est accessible. Dans les limbes parfaites, le feu me brûle, brûle mon cerveau, mon avancée dans la démarche pensante, le cours de la vie elle-même, ne serait-ce que passive. Car je suis dans cette boiserie qui m’incapacite. Je dois attendre que les vents cessent de la malmener.
Le vrai révolutionnaire est immobile. Tout mouvement est vain. Le fourmillement de l’immobile est seul témoin. La construction est seule et toute dans ce sentiment d’infini. Et l’infini se répète. On construit à partir de ce rien avec l’infini comme simple matériau. Le château de cartes est imperturbable, les vents le dispersent et le reconstruisent. C’est une scène perpétuelle d’action alors qu’il ne se passe rien. C’est une scène imaginaire dans un théâtre passif, qui ne se meuble de rien : une simple chambre avec son lit, sa tasse de café sur la table de chevet, des livres au sol, des enceintes sous la table et un ordinateur portable plus loin, au milieu d’affaires personnelles. Ce n’est rien d’autre que l’ordinaire le plus insignifiant.