LE CHÂTEAU
Derrière ton cul il y a le meuble qui croit
Savoir une chose sur toi. Tu le caches
Par le diamètre de mes veines. Elles cherchent
Ensemble à punir ce qui pourrait trahir
Le désir de manger les cellules
La viande subversive et égale à elle-même
Car cette viande je la mange avec des esprits
De cervelles alignées à mes cris
Je vais découvrir ce qui dans les fosses nasales
Est si noir qu’il tremble d’autres fenêtres
Dans ce château et sa pierre natale
Il s’étire dans la navette où le cœur choit
De pauvres habitants et de pauvres pensionnaires
Fortunés qui n’ont rien dans la cervelle
Mais moi suis poète et mangerai toujours
Le repas qui m’est seul accordé qui n’est pas de chair
Mais d’une pure parenté avec les plumes
Des aigles et des dieux
Des langues et des nerfs
Jamais rien de charnel vraiment ne peut osciller
Entre les fraises que je mange et le dos de la cuiller
Je suis l’élément acide qui touche la traverse
Des gonds et des charnières
Les choses ne se sont pas épuisées
Dans la fonte où je suis
Dans le seul cortège de l’air
Les choses ont la sainteté première
Ainsi que ce qui puise l’illimité
Des astres, dans un premier temps
Puis des fuites électriques des guitares
Aussi tendues que les meilleures mélodies
Je suis le chantre ainsi qu’un vase et une colombe
Ainsi qu’une pensée juvénile surplombe un cauchemar
Et toujours j’avance, j’abrège parfois
Dans le beau feu noir et or
Dans le silence d’opale