une route
par claire le 14 juin, 2018
J’ai utilisé la poésie comme on suit le bas-côté d’une route dont on ne connaît pas la direction, une route inversée, renversée, avec des traces de hachures, des fossés où on ne plongerait pas le pied, glacés d’une eau invisible et sans mouvement.
cette route était là pour m’éviter le risque de tomber, pour me laisser croire qu’il y a une direction, qu’on va arriver quelque part, dans un lieu qui forme un caillot de vie, chaud, et les conditions du repos.
pour éviter la sensation pourtant insistante que – peu importe :
aller en face ou de tel côté, le paysage est une page où on peut inscrire sa trace, et l’infléchir, sans jamais y trouver ces bords que les hommes ont appelé « l’horizon ».
une route nous dit : tu choisis, tu as deux choix, et tu suis la ligne.
quand on ne suit rien, au bout d’un moment, on a une grande envie de s’asseoir. la liberté vous écrase, on sent son vide interne.
on s’abaisse encore entre le ciel et la terre, on se sent si proche de la fraîcheur du végétal,
si différent de la chaleur que nous devons coûte que coûte entretenir, dans notre forge intérieure.
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