regarde le bal (sans danser)
par claire le 3 mars, 2025
Toutes les femmes penchent la tête, toutes les femmes s’appuient, les femmes ploient leur buste, toutes les femmes écoutent, répondent, toutes les femmes sourient par instants, hochent la tête, posent la main sur des épaules, fredonnent un air que tout le monde connaît.
Les hommes boivent, parlent et écoutent, les hommes dansent ou sont assis, les hommes mènent leur cavalière, qui se ploie contre leur épaule, tournoie dans le mouvement de sa jupe, les hommes ont une conversation, les hommes regardent les femmes à la dérobée, ou les autres hommes bien en face. Les femmes sont amies, regardent les hommes à la dérobée, rient. Les femmes sont invitées.
Personne n’est mal vêtu ou sale, personne n’a trop bu, personne ne crie, c’est le début de l’après-midi.
Les hommes sont avec leurs femmes, les femmes avec leur mari ou leur fiancé…ou bien les hommes ont peint ces femmes, certaines femmes ont été modèles, silencieuses et immobiles, longuement, dans une lumière égale orientée au nord. Avec leur doux visage enfantin, leur yeux de biche, vêtues ou nues.
Mais maintenant, ici, rien n’est immobile, rien n’est silencieux, tout tourbillonne dans le brouhaha et la musique,
et la lumière pose ses pastilles mouvantes, tièdes, douces, éclatantes,
sur tout le monde.
Dans le tiroir du haut
par claire le 13 février, 2025
On se souvient de ce geste, qu’on ne voit plus beaucoup : un homme glisse des boutons de manchette dans les poignets de sa chemise blanche. Pour cela il relève l’avant-bras, c’est un geste masculin, qui vient conclure la toilette, l’habillement.
La tenue est soignée, il va sortir.
Dans la rue froide un feu teinte de vert la chaussée mouillée, le taxi glisse, le chauffeur énorme effleure l’accélérateur, caresse le volant. Il y a une petite chaîne accrochée au rétroviseur, une croix tremblante à contre-jour. Chacun sa foi.
L’homme s’est enfoncé dans le siège de skaï, il est sorti par obligation. Il va rejoindre des gens tout aussi fatigués que lui, tout aussi exilés de leurs propres souhaits,
egos fragiles, intriqués.
Papillon
par claire le 13 février, 2025
Il a pris l’habitude d’aller au bal du Moulin de la Galette presque tous les dimanches après-midi, quand il est à Paris.
Pourtant au début cela le rebutait presque: cette grosse joie populaire, cette excitation, la musique juste faite pour la danse, cela heurtait son côté réservé, solitaire. Mais dans la torpeur des dimanches de la capitale, des rues vides, l’endroit a pris pour lui peu à peu une place particulière : la vie dans sa diversité, son énergie bouillonnante. Et puis cette rencontre de gens qui ne se rencontreraient jamais ailleurs, qui se bousculent et se mêlent, rient ensemble, se marchent sur les pieds…et la danse.
Il s’assied pour regarde le bal, boire un coup à une table, parler de politique ou de peinture avec ceux qui sont là, danser même avec quelques amies de passage. La musique est si entraînante, on se laisse faire, on rit. Il y a un grand tableau qui est en cours, de Renoir, tout le monde en parle.
Il vient aussi pour trouver des modèles ; il est peintre mais il ne peint pas en plein air. Il a un petit atelier tout près et il peint surtout des portraits.
Peindre dehors c’est pénible parce que les gens viennent regarder dans votre dos. Ou alors en pleine nature. Il faut de la concentration.
Quand il trouve des modèles, dans le calme de l’atelier ça ne le dérange pas qu’ils parlent, au contraire. Ils ne voient pas la toile, ce qu’il fait ; ils parlent, il les comprend mieux.
Les gens à qui il propose de poser sont d’abord inquiets, mais ils ont envie, ça se voit. S’il leur dit que c’est juste le visage qui l’intéresse, et s’il propose de l’argent, selon leur milieu bien sûr, ils sont souvent partants. Les filles qui ont l’habitude de se déshabiller, il les connaît toutes. Ca l’intéresse moins finalement.
Dans un coin près de la buvette, sur une grosse pierre plate, est souvent assis un garçon qui regarde lui aussi. Il replie ses longues jambes de quinze ans, ses bras maigres dont il ne sait pas quoi faire, il reste là tout l’après-midi pendant qu’on danse.
Sa sœur sert les buveurs attablés. Elle est rapide et précise, le plateau en équilibre bien chargé, c’est une autre sorte de danse, solitaire, entre les tables. Quand elle se tourne vers vous on voit son petit visage sérieux, ses yeux rapides. Elle porte un tablier gris sur un corsage, une jupe large, elle est souple et mince, c’est nécessaire pour ce travail. Leur mère sert les verres au comptoir, empile dans de petites assiettes les galettes au beurre qui ont fait la renommée de l’endroit, qui lui ont donné son nom.
Ils sont tous les trois assez semblables, dans leur expression. Ils sont froids, on dirait qu’ils n’entendent pas la musique, ni les rires, ni les gens qui crient.
Son regard est attiré par leurs visage et leur façon de bouger, il les observe à la dérobée.
De temps en temps, un des buveurs, ou un danseur, effleure la taille de la fille, lui sort une grivoiserie, tente de l’attraper au passage. Elle glisse entre ses mains et semble impassible. Elle regarde devant elle, ne dit rien, continue sa tâche. Ce silence est plus efficace que des protestations ou une colère. Si jamais l’homme est trop saoûl pour le sentir, s’il insiste, le frère déplie ses grandes jambes et s’approche. Il se glisse entre eux, avec son visage tout en aplats, triangulaire, aux yeux obliques de renard. Il dit quelque chose qu’on n’entend pas et l’homme s’en va.
Le semaine dernière il a un peu enquêté sur eux. Un de ses amis lui a dit : Elle, on l’appelle « la fiancée ». Elle est pas très gaie, et la mère non plus. Le frère veille sur elle comme un jaloux. Je crois que le père est mort…
Un dimanche, il s’est assis en bout de table tout près du garçon sur sa pierre, a essayé d’engager la conversation et l’a trouvé bien plus ouvert qu’il ne pensait. Son regard s’est réchauffé, il a dit qu’il s’ennuyait bien des fois, assis tout l’après-midi sur sa pierre, mais qu’il devait veiller sur sa sœur parce que c’était pas un endroit très bien ici.
Il lui a dit à son tour qu’il était peintre aussi, qu’il peignait surtout des portraits. Est ce que ça lui plairait qu’on fasse son portrait ?
– A moi ? s’est-il écrié, sidéré, comme si l’idée de l’intérêt de son visage ne l’avait jamais effleuré, qu’il n’avait pas même l’idée qu’on puisse le regarder.
– Oui, je peins plein de gens différents, de tous les âges, c’est la personne qui m’intéresse. J’ai un atelier tout près, ta mère peut venir avec toi si tu veux. Je paie à l’heure.
Il a dit qu’il lui en parlerait.
La mère est venue avec lui, le jeudi suivant. Elle avait amené un tricot et s’est enfoncée dans un coin sur un petit fauteuil, elle n’a presque pas dit un mot. Lui aussi s’est tu souvent, il répondait aux questions sur ses occupations, ses goûts, mais la conversation s’est arrêtée, avec de temps en temps juste une indication, une petite phrase.
Le deuxième jour il est venu avec un objet étonnant, métallique, brillant, un cylindre gros comme un gros cigare. Il voulait que cela soit sur le tableau, parce que ça venait de son père, qui l’avait ramené de ses voyages en mer. C’est un couteau qui se déplie de façon très particulière, qu’on appelle couteau-papillon. Il a fait une démonstration étonnante, pleine de virtuosité.
Quand le portrait a été fini, au bout de trois jours, il le lui ai montré et a vu qu’il était content. Il a demandé si sa soeur accepterait aussi de venir poser. La mère a dit qu’elle lui en parlerait.
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C’est le deuxième jour de pose pour la sœur, le frère l’accompagne, se met dans le même fauteuil que la mère, qui a trop à faire ont-ils dit pour rester assise des heures comme ça. La jeune fille l’a regardé bien droit, bien froid, et elle a dit :
– C’est pour l’argent. Je m’en moque bien d’un portrait.
Pourtant, peu à peu, elle aussi s’est ouverte, s’est mise à parler. Elle parlait de son travail, de la chance d’avoir été prise avec sa mère, des patrons qui sont bien. Des pourboires et de la fatigue le soir.
Puis, un autre jour, elle lui a demandé où il était, pendant « la semaine » d’il y a cinq ans, il a l’âge d’avoir été soldat. Quelque chose de glacial est passé, le frère tripotait son couteau dans le coin, en silence.
Il lui a dit qu’il était dans une caserne aux porte de Paris, il n’a rien vu, entendu seulement de loin les canons, les coups de feu, et même les cris. Après il a été démobilisé.
Elle réfléchit, lui dit : bien sûr, vous êtes quelqu’un de riche, ils ne vous auraient pas mis dans les soldats qui sont entrés dans Paris.
La séance suivante était la dernière. Il lui a demandé si elle voulait venir voir.
Elle s’est levée, a regardé longuement le tableau, cette femme immobile avec son visage calme et absent. Elle a dit : « C’est pas mal », puis elle est allée à la fenêtre, tournant le dos à la pièce, au chevalet.
Elle s’est mise à parler :
– Quand on regarde la rue aujourd’hui, on ne s’imagine pas ce que c’était. On a cherché mon père pendant deux jours, à patauger dans le sang. Ma mère et moi on ne voulait pas se séparer de mon frère, il est venu avec nous, pourtant il était bien petit pour voir ça, il avait 10 ans.
On a fini par le trouver, au milieu de corps allongés, à côté d’une barricade détruite. On n’a pas même pu s’approcher, encore moins l’emporter. Je ne sais pas où ils l’ont mis, il y a des fosses communes je crois.
Mon fiancé habitait avec nous et ils sont venus le chercher juste après, sûrement une dénonciation, ou tout simplement parce que c’était un ouvrier, ou parce que mon père avait fait la barricade. Je ne sais pas où ils l’ont emmené. Peut-être tué, peut-être en prison ou aux travaux forcés. C’est ça qui est difficile : ne pas savoir. Alors on reste là, je l’attends.
Je veux qu’il me trouve là s’il revient un jour. Il n’ y a pas si longtemps finalement.
visions
par claire le 24 novembre, 2024
Tu le vois,
quelque chose a changé
dans tes territoires,
quelque chose de remarquable
dans l’axe de la Terre ou bien
dans l’esprit du temps.
La vibration qu’il fallait garder
s’est perdue,
ton ciel tourne au crépuscule – et toi tu rougis
dans cette lumière de sang.
Chaque matin te rappelle cette perte,
depuis que s’égrènent sur les ondes
les cérémonies cruelles,
les danses violentes. Partout,
tu suis des yeux à distance
des oiseaux de mort.
Tu regardes dans ta main la pomme,
le vers ronger le plaisir
d’être humaine,
tu vois s’ouvrir devant toi
jusqu’à l’horizon
des tranchées dans l’herbe.
Et sur le champ,
c’est la bataille.
Préface et notes du recueil « FOCALES »
par claire le 13 novembre, 2024
Préface
Une photographie, c’est « ailleurs, avant ». Mais c’est une image de quelque chose de vrai, qui a existé, qui a eu lieu.
Quand on n’est pas soi-même le photographe, c’est aussi le témoin de sa subjectivité, d’un geste qu’il a fait face à cette réalité, la forme qu’il lui a donnée.
On regarde avec lui, comme si on était immobile derrière son épaule, dans une éternité suspendue.
Toute image appelle en nous d’autres images, remontant du fond du passé, de moments qu’on a vécus, ou d’histoires qu’on a lues, entendues. C’est souvent très brumeux, en surimpression, vague. Et comme toujours, le passé, la mémoire, servent de matériaux de construction à quelque chose de nouveau : l’imaginaire se met au travail.
Ecrire sur des photographies, c’est créer un objet nouveau à partir des toutes ces expériences passées : les siennes , celles du photographe, celle du lieu et des gens, du moment qu’il a fixés « à jamais ».
Ces petits textes, ces poèmes, sont donc comme de brefs récits de voyage dans tous ces territoires. La première partie, en prose : une histoire pressentie, imaginée. La deuxième, en vers, un poème né de la vibration, de la rencontre. Comme la photographie donne forme à l’image, le poème donne forme à l’émotion retrouvée, à partager. Les passage de la prose au vers est comme un pas en arrière : quelque chose de flou (et d’universel peut-être) apparaît .
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Notes
Je suis partie d’un livre de photographies (dont beaucoup sont célèbres) : « Henry Cartier Bresson – Photographe » (éditions Delpire). Avec une contrainte : écrire à partir de chacune d’elles, dans l’ordre des pages, sans en laisser aucune de côté…mais je n’ai pas terminé le livre.
Autre contrainte, les petits poèmes sont en vers arithmonymes, c’est à dire des vers qui ont tous le même nombre de mots.
Un hommage à ce photographe, qui laisse toujours une interrogation dans ses photographies, laisse le monde alentour vibrer librement, comme l’esprit de celui qui les regarde.
Je reprends les indications de temps et de lieu qu’il a données pour chaque image.
1 : Simiane La Rotonde. France 1969
2 : Barrio Chino Barcelone. Espagne 1933
3 : Liverpool. Angleterre 1962
4 : Bas de la ville New York. USA 1947
5 : Chauffeurs de taxi Berlin. Allemagne 1931
6 : Paris. France 1932
7 : Quai Saint Bernard Paris. France 1932
8 : Académicien se rendant à une cérémonie à Notre Dame Paris. France 1953
9 : Ile de la Cité Paris. France 1951
10 : Avenue du Maine Paris. France 1932
11 : Alberto Giacometti Rue D’Alésia Paris. France 1961
12 : Montréal. Canada 1965
13 : Cour d’un hôtel rue de le Boëtie Paris. France 1953
14 : Hyères. France 1932
15 : Derrière la gare St Lazare Paris. France 1932
16 : Madrid. Espagne 1933
17 : Florence. Italie 1933
18 : Allée du Prado Marseille. France 1932
19 : Résistance Bord du Rhin. France 1944
20 : Jean Paul Sartre Pont des Arts Paris 1946
Dans la salle du tribunal
par claire le 13 novembre, 2024
Pauvres avocats de nous-mêmes,
au procès de chaque jour,
nous répétons la plaidoirie prévisible
de nos mesquineries.
de l’autre côté de la fenêtre
– comme dans un autre monde
pigeons et moineaux
transpercent de leurs plongeons
la ramure de deux marronniers.
la lumière du jour d’octobre
coule doucement sur nos toges
fatiguées, la lumière
dessine les oiseaux les arbres.
et nous traversons ensemble
la passe de ce jour maussade
mais unique, nous la traversons,
toujours fidèles à notre essence.
oui
par claire le 13 novembre, 2024
Il saura
la porte principale
celui qui sort du bois de lui-même.
bois fermé parfumé de terre
où tout a l’aspect de la veille.
sortir du bois, la porte ouverte.
se déplient ces heures
où ne vient personne
où personne ne
téléphonait jamais.
le soir se penche vers les bois
les entrepôts et les talus nivelés
rubans gris de rivières,
étoiles des fabriques vides.
Passée la porte, passer coupant
de l’été à l’hiver
lécher dans le froid de l’air
un goût d’ailleurs.
gens
par claire le 13 novembre, 2024
j’aimais les voir, et rire, j’aimais travailler, manger avec eux
c’était pris dans des habitudes
pendant des années.
et puis ça s’est fini.
les revoir, comme retrouver
un récit qu’on aimait où on l’avait laissé.
ils sont là avec leurs visages, leurs gestes.
être avec ces autres
aujourd’hui à nouveau
dans la pièce familière
ils sont là, on est là, assis.
cette grande pièce aux fenêtres ouvertes
sur la cour, où les saisons
coulaient leur lumière, année après année
discussions, feutres et dessins d’enfants, jeux,
le figuier dans la cour.
Trois oies dans une rue d’Egypte
par claire le 30 mars, 2024
(d’après une photo de Dorothée Marat)
L’éclairage nocturne, c’est comme de l’eau
de l’eau de lumière jaune
parfaitement immobile, elle emplit
la rue, l’espace vide créé par le travail humain :
bâtisseur de murs, aligneur de rues aux chaussées de terre,
de bitume ou de dalles.
Ont été dessinés, construits ces canaux vides
(ou plutôt emplis d’air ) aux parois élevées,
aux fenêtres aveugles, et chacun dort derrière
son mur, dans son volume d’obscurité.
Mais dans la rue commune se déverse la lumière jaune,
se repose l’air immobile à cette heure de la nuit,
se dandinent trois oies, éveillées.
Retour à Taggia
par claire le 23 mai, 2023
Dans le petit café où on s’est installés, froid et sombre
il y avait sur un mur cette même photo, mais vieille de
100 ans, en noir et blanc bien sûr. Rien n’avait changé :
la maison semblable à un masque de théâtre ou à un visage
effaré, au regard dédoublé, les pavés gris, l’église blanche aux chapiteaux
sculptés (plus décatie sur la photo ancienne), les maisons penchées…la fontaine.
La ville nous avait attirés encore une fois, alors que nous l’
avions presque oubliée. Et nous avons retraversé l’antique pont de pierre,
si long, trop étroit pour les voitures – nous sommes assis au milieu
sur les banquettes qui le bordent, dans la lumière baignant le fleuve
caillouteux. Un homme âgé solitaire, plus loin un jeune homme, étaient installés
là, immobiles et penchés dans le soleil, désoeuvrés. L’eau serpente lentement
vers la côte proche, et la vallée, large et plate s’ouvre
au sud, devant la mer bleue, l’horizontale invisible d’ici.
Penchés sur le parapet nous avons regardé les grands jardins en contrebas
qui bordent chaque côté de son lit. Arbres fruitiers, légumes alignés de
toutes sortes , soins patients, riche fertilité. Comme pour en témoigner, un immense
cerisier porte ses fleurs candides. C’est un soir frais d’avril .
Les jardins si beaux et vivants, la vieille cité où le soleil
pénètre peu, avec sa rue aux arcades profondes ; les portes des « palais » –
transformés en immeubles de location – semblent toujours puissantes et closes : cuir clouté
ou bois peints en noir, armoiries presque effacées. C’est l’Italie.
Aucun pays ne m’étreint si étrangement, par cette manière de vivre
dans un tissage serré du passé et du présent. Les vieilles gloires
sont là, comme en veilleuse, mais belles avec leur réseau de fissures
un peu crasseuses. Une autre vie circule là désormais, le temps prend
parfois un rythme étrange, on est en décalage, boitant dans le passé.
Pourtant, il y a tout ce qu’il faut pour être maintenant.
Très haut au-dessus de nous, un peu plus au nord, comme
un rêve de science-fiction grisâtre, l’autoroute enjambe ce monde éternel.