Claire Ceira

une année de rêves

par claire le 10 novembre, 2015

Une année, j’ai fait des rêves qui ne ressemblaient pas aux autres. Plus continus, plus étonnants, comme si je portais en moi un cinéaste inconnu qui m’invitait la nuit à des projections privées intérieures, des histoires variées, souvent surréalistes mais pleines de sens, c’était évident.
Je n’avais jamais envie d’en sortir, au réveil. Ce monde-là, plus fort, plus sincère, avec de plus belles lumières, de plus belles obscurités, était peuplé de gens, souvent de groupes de gens indistincts. J’y étais comme un témoin, témoin actif mais surtout regardant, essayant de faire face à ce qui se produisait. C’était comme avoir un moi d’enfant dans un corps d’adulte. Je me laissais mener par la nécessité du rêve, par les sentiments qui s’y trouvaient, toujours simples. Aujourd’hui encore, plus de deux ans après la fin de cette histoire, la fin du dernier rêve, je crois que je voudrais toujours être ainsi, vivre ainsi, une vraie vie.
Je ne pensais pas du tout à moi-même, ou très peu. Je pouvais naïvement être humiliée de mes maladresses, avoir peur, je pouvais surtout être surprise d’être aimée, me laisser couler comme dans un bain d’eau tiède dans le courant de l’amitié, ou de l’amour partagé qu’on trouve par hasard. C’était toujours un étonnement. Je pouvais aussi être absolument solitaire, et c’était tout aussi essentiel, c’était aussi ce qui me convenait. Exodes, réunions de famille, deuils, explorations, travail, peu importait.
Si je réfléchis, je me dis que mes monologues intérieurs étaient exempts de considérations intellectuelles, et c’est peut-être ce qui donnait à cette vie son caractère enfantin. Les pensées étaient très simples, liées à la situation. Il y avait des hommes, des femmes, des vieillards et des petits enfants. Souvent je me trouvais dans la situation de m’occuper de quelqu’un. Il y avait beaucoup de responsabilité…..oui, si je réfléchis, c’était le point commun : j’étais responsable à chaque fois de quelque chose, de gens.
L’autre point commun tient aux couleurs, elles étaient comme mordorées, adoucies, ou bien sombres. Elles étaient belles comme dans les tableaux, comme dans les films.
J’en étais arrivée à aller au lit avec impatience. Mon lit m’attendait comme un bateau qui vous conduit de l’autre côté de la Terre, et en même temps au fond des mers. Je faisais la planche dans le noir et aussitôt, doucement, comme un noyé je coulais, là où nous allions.
Mais si beaux qu’ils aient été, c’est quand l’ensemble a été complet, rassemblé, qu’ils ont pris toute leur identité, qu’ils se sont mis à parler vraiment. Quand je les ai écrits et prolongés.

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