Claire Ceira

rêve du travail ensemble

par claire le 24 juillet, 2013

Il vit dans un long jardin. Jamais il n’apparaît vraiment dans le rêve, c’est plutôt une silhouette, en retrait.
Au bout du jardin se trouvent des bâtiments, dans lesquels il entrepose tout ce dont il a besoin (et que sans doute il habite). En particulier, au fond d’une pièce peu utilisée, peu éclairée, il y a une étagère basse avec toute une collection de boîte plates de métal brillant, cylindriques, dans lesquelles il garde, sans marque distinctive, des vidéos, des films. Je suis surprise du nombre de documents qu’il a collectés, surprise aussi de la sûreté avec laquelle il va les choisir, comme s’il avait tout en mémoire.
Je travaille avec lui. Ce travail, ce qui en naît, c’est un plaisir profond, encore accru par le fait qu’il se fasse ensemble….il me semble qu’il n’y a rien d’autre qui puisse égaler cette satisfaction.
Une jeune fille passe dans ce jardin, elle est blonde, ses sourcils eux-mêmes sont dorés ; elle promène sa beauté, elle est avec lui, elle est en dehors du travail.
Une autre jeune fille apparait dans le rêve, aux cheveux châtain roux. Elle les coiffe d’un bandeau, utilisant pour les lisser en arrière le mouvement violent du vent. Elle dit naïvement : j’aime quand j’ai raison.
Sur un côté du jardin, j’ai creusé une tranchée, et j’y ai installé de grands tronçons de branches de cerisiers. Ils feront des racines, puis des arbres. Lui me fait remarquer que le dernier d’entre eux est trop proche d’un arbre déjà adulte qu’il va gêner, alors je l’enlève. Il en reste encore 5 ou 6.

le jardin est comme un sarcophage – il vire au vert tout entier dans le soir
où luit et s’ouvre
la boîte cherchée, et c’est ce qu’il fallait ce soir pour terminer.
la journée s’est passée comme les précédentes
calme sourde et féconde
et le temps est fécond – sans mesure et sans chiffre.

tout vient prendre sa place
dans ce qui naît sous nos yeux
le double regard suffit
pour trouver tout.

de même, dans l’architecture cachée du jardin,
dans les allées qui entourent les longs bâtiments
on plante et donne
à chaque espace son végétal
à chaque végétal une part de lumière, un trou.
et le temps ne coule plus
à cause de cette fécondité, de cette architecture secrète,
à cause de ce qui doit être, qui est.
le temps s’avance à son rythme.

3 comments

Moi qui ne sais que rêvasser, et nettoie mes rêves au fur et à mesure des éveils, j’envie ça, ce double regard. Je pense à ces photos que l’on retravaille en les surcontrastant.

A ranger dans une boîte…

by A. on 25 juillet 2013 at 11 h 09 min. #

Oui, je crois que je vais faire ça aussi pour les autres rêves, cet écho. Comme s’il y avait deux manières de dire au mieux le vécu d’un rêve : un récit littéral, et un texte poétique, et qu’ils soient complémentaires.
Merci du passage, A.
( ce rêveur en moi qui parle si clairement, c’est très récent. Avant je faisais comme toi. )

by claire on 25 juillet 2013 at 14 h 11 min. #

Un récit latéral je dirais.
Ces récits de rêve sont extrêmement intéressants. “Ce n’est pas de la poésie“ dis-tu. je n’en suis pas si sûr.
Tels qu’ils sont, et plus particulièrement celui-ci, ils me plaisent et me passionnent. As-tu lu “Le Livre des Rêves“ de Jack Kerouac ? Il a noté ses rêves scrupuleusement chaque matin. C’est un livre étonnant.
Bravo pour le passage de la prose au texte scandé. Il me fait penser à du Desnos : « The night of loveless nights ».
http://www.unjourunpoeme.fr/poeme/the-night-of-loveless-nights
En moins délétère, et moins long, heureusement.

by Narbah on 18 septembre 2013 at 11 h 58 min. #

Laisser un commentaire

Required.

Required. Non publié.

Si vous en avez un.