Claire Ceira

rêve du maître

par claire le 4 juin, 2013

C’est un pays que je parcours dans une atmosphère crépusculaire, de déroute, de désordre. Beaucoup de gens vont et viennent, très loin de chez eux, en masses.
Je voyage avec plusieurs personnes inconnues, dont l’une est une femme gravement malade, mourante, qui survit immergée dans une sorte de cuve rectangulaire. Deux petites machines en forme de lampes l’approvisionnent alternativement en oxygène. Sa mort n’est qu’une question de temps, elle est inconsciente, et pourtant nous l’emmenons partout avec nous, tentons de la maintenir en vie. Il y a deux de ses enfants, adultes.
Un matin en me réveillant je me rends compte qu’une des machines manque, celle qui était en fonction. Je me hâte de faire ce qu’il faut, il est tout juste temps. Qui a pris la machine, un des enfants ?
Nous continuons notre chemin, et nous arrivons à l’endroit où vit un « maître », une sorte d‘anachorète, dans une caverne très large et basse, sombre. Une foule se presse autour de lui, un peu servile. Il a la réputation d’être imprévisible, lointain. Tous défilent devant une longue table de bois installée sur un côté la pièce, derrière laquelle il se tient, va et vient. On devine derrière lui des tableaux et des choses qu’il a créées. Je suis accompagnée de ma soeur, je m’approche avec elle de la table, il me regarde et prend un étrange objet, dont de nombreux exemplaires sont posés ici et là, objets bricolés, en attente. Il me le tend : c’est une sorte de longue lamelle de bois brun qu’il replie, surmontée d’un cristal vertical, un peu trouble. « Voyons si vous pouvez peindre des fumées » me dit-il. Le pinceau qu’il m’a donné est très fin mais ce que je peins, sur le cristal, me semble grossier alors je l’estompe avec beaucoup de soin.
Le résultat lui plaît, soudain il décide de quitter la grotte, m’emmenant avec lui. En me rendant l’objet que je viens de peindre il a accroché mes doigts et les garde mêlés aux siens, nous marchons ainsi côte à côte en silence sur un chemin, à côté d’une muraille à peine visible dans le soir. « Je lâche les gens parfois, vous savez » me dit-il au bout d’un moment. Je lui réponds que je le sais.

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