anima(l)
par claire le 19 août, 2016
je suis arrivée par hasard devant la maison
la route faisait une grande courbe dans ce matin de printemps,
je l’ai vue au dernier moment.
depuis la route un chemin droit bordé d’herbe
pas de jardin, seulement l’herbe tout autour
la terre caillouteuse
et loin derrière une grande barre de roche ocre
qui se perdait dans l’horizon.
cette maison était pour moi
c’était une maison étrangère
flottait dans l’air tout autour une odeur
dont j’avais perdu le souvenir.
arrivant là , j’ai laissé tomber quelque chose, dans l’entrée
une forme de solitude
dont je ne m’étais pas rendu compte
cette détestation que j’avais de moi, qu’on a tous.
en visitant la maison
il y avait des traces partout.
les murs intérieurs l’embrasure des portes
ce qu’on voit à travers les vitres voilées de poussière
du dedans vers l’extérieur, le paysage
et me saisissait à chaque changement de pièce
l’adieu des habitants.
elle était comme un chien à l’attache
la tête sur ses pattes
tourné du côté de ce qui vient.
quand je suis entrée,
l’attente s’est suspendue.
pièce après pièce la géométrie intérieure, le seuil des portes, les quelques meubles encore adossés aux murs, l’ouverture large des fenêtres, et ce dont on a choisi de couvrir les murs autrefois.
tandis que tu poursuis l’exploration, et la reprends pour tout voir, que tu piétines les miettes de temps tombées sur le sol, tu la sens qui lentement rétrécit, s’approche.
tu t’assieds, les murs te touchent, souples et obéissants comme des vêtements. l’histoire de la maison elle aussi contre ta peau et tes propres défauts. et bientôt c’est le dehors qui vient s’accoler : le ciel d’un bleu brûlant, l’ocre des pierres, le silence de la campagne vide, et même l’arbre qui verse son ombre brunie sur le toit.
tu es assis sur cette chaise que tu n’as jamais connue et encore moins achetée
pour la première fois invulnérable.
3 comments
j’adore Je m’y suis vue On le dit mais plus rarement on le ressent, certaines bâtisses ont une personnalité, une âme bien à elles, accueillante ou effrayante (aussi, hélas) Ce sentiment là est pourtant bien difficile à partager … Bravo et merci
by La Nouille Martienne on 20 août 2016 at 9 h 08 min. #
Je suis partie dans des portraits de maisons imaginaires, un peu à la manière des dessins d’enfants…
by claire on 21 août 2016 at 21 h 06 min. #
J’ai aimé les parcours des échos, dans la maison vide, ce qui fut la chambre.
Et le lumière rebondissait sur les murs chaulés, du soleil de décembre.
La raison s’égare, et aspire peut-être au vertige de l’ombre
De l’abri généreux , de la main tendue, jusqu’aux décombres
Si le soleil s’est voilé, et tendu d’un ciel sans désir,
C’est, dans la portée, la parenthèse, d’un soupir,
L’espace , un instant d’années, délaissées, le pardon
Des jours brisés, un parfum d’abandon
S’en allant doucement, si les jours s’agrandissent
Comme bien sûr, ceux-ci, ont fait peau lisse.
Les petits enfants, sont revenus dans la maison du Vaucluse
Ont révélé, aux murs silencieux d’avant, cette parole recluse,
Ouverts, les chants du printemps, aux oreilles sourdes,
Et laissé aux cimetières les pierres trop lourdes
Aux phrases retrouvées, portées d’ailettes
Le vocabulaire, a retrouvé de belles lettres
Le jardin, ses insectes , coccinelles, et sauterelles
En lumière de renouveau, elle, zébrée d’hirondelles…
RC
by René Chabriere on 15 mai 2017 at 12 h 11 min. #