Claire Ceira

lieux (4)

par claire le 9 décembre, 2013

appareil en main, tu prenais la photo.

la photographie est d’une tristesse excessive :
cette terre noire battue de pluie,
un visage grimé de douleur et de fard,
la difformité du réel.
au loin le ciel surexposé semble boire
le contour des choses minces dressées devant lui.

tu étais sûrement jeune quand tu l’as prise
plein de ton propre corps élancé
tu pouvais boire cette tristesse
comme une liqueur étrangère
ou t’en parer, comme d’un maquillage
à demi-barbouillé de pluie, une peinture de guerre.

tu n’étais plus un enfant
le chapiteau du cirque pouvait désormais
se dresser dans la boue
le clown fumer sa clope.

ta force, ta force se lit en filigrane
dans le choix de ce désarroi
dont tout vieillard se détournerait
par pudeur, par connaissance.

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