Dardenne
par claire le 23 mai, 2013
ce sont deux frères, ils parlent de Caïn et Abel.
ils parlent de la perception soudaine de la culpabilité, de la responsabilité, qui rend vivant.
je vois leurs visages sans aucun apprêt, animés par ce qu’ils disent, à propos de corps qu’on suit, de la juste distance qui doit être un peu trop proche, du froid qui donne quelque chose de perceptible, de vivant dans le corps, des adolescentes pauvres qui sont habillées trop court, de vêtements trop minces, et dont on perçoit en les regardant, sans le penser, qu’elles ont froid.
de la nécessité que l’actrice ait vraiment froid pour que le film soit juste.
de la nécessité que le spectateur voie au même moment, au fur et à mesure, à la fois le personnage et ce qu’il découvre en allant.
des portes, des obstacles qui se ferment et s’opposent à cette filature.
du refus de  » composer une image ».
beauté de la similitude et de la différence de leurs deux visages, d’âges proches et de parents communs.
mais surtout de cette proximité dans le travail et du sens perçu, qui leur donne une vie si passionnée, dénuée de toute pose, et même traquant toute pose et toute tricherie, comme deux chasseurs affamés et méthodiques.
les décors (semblables à ce que j’ai côtoyé aujourd’hui : d’un côté des carcasses d’engins tordues, empilées au bord de la voie ferrée, de l’autre un large fossé que bordent des peupliers, si rares par ici, avec la mention « zone inondable ») mais dans le nord, là où le froid est souvent présent, et la lumière rare, ce nord dont je garde une nostalgie, à cause de son refus de jouer du charme, à cause de sa rude et droite réalité.
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