Claire Ceira

novembres

par claire le 24 novembre, 2012

J’ai rêvé de mon père la nuit dernière
il marchait – mains dans les poches,
à la tombée du jour
près de ma mère
et de ma petite sœur
toute petite.

La rue éclairée
ce soir s’ouvre
comme un livre, là-bas au bout
sur le ciel et la mer
du même bleu éteint
le bateau de la Seyne sur Mer
attend pour accoster.
Novembre est là.

Il portait un grand manteau sombre,
ouvert
le col relevé,
une chemise bleu nuit
et une cravate.
Il me disait en souriant :
« j’ai eu envie d’être bien habillé ».
(lui qui en avait si peu à faire
dans la vraie vie).
Je lui disais : « tu es magnifique. »

Je me souviens de ma petite sœur
adulte
devant le cercueil ouvert, disant :
« il a toujours été beau mon papa ».

et c’est tout.

2 comments

LES BARQUES

allez viens, courir avec moi, entre les tombes, je t’invite, au milieu de nous, c’est l’hécatombe, et le ciel bleu dérive, comme hier, il nous transperce la peau, à travers champ, épuisé, parmi toutes ces pierres, tu choisiras la mienne, avec tes ongles noirs, j’attends, je vais rester là, je marche, je cours, je trébuche, un nom vite un nom, j’en ai 2, et pas un ne manque, c’est long, l’allée centrale est là, je tombe, je ne vais pas, me relever comme ça, les beaux dessins, et nous dedans, seule petite ombre au tableau, comme un creux, sur le terrain plat, pour se cacher, tu me dessines à la craie, des croix, c’est juste un truc, planté dans la terre, et dans le cœur des hommes, partis bien avant l’aube, un cœur qui bat encore, peut-être, peut-être pas, je cherche un cheveu blanc, un atome, et bien plus qu’un silence, je m’approche, j’ai froid, je crois tenir quelque chose, des virages, des lignes droites, et des mouchoirs, pour recueillir, tout l’or du monde, incrusté là, tu me regardes passer, et prendre du recul, des vraies larmes, tombés, sur des fleurs en plastique, inversées, quel contraste, avec le goût des choses, je me mélange, je me perds, prendre appui, c’est ça ton pouls, ton élan, tous tes gestes, allez viens, courir avec moi, entre les tombes, et tu verras, une fleur orange, coupée en 2, laiteuse, pratiquement verte, un chat noir, entre les jambes, ça porte malheur, autour du cou, si tu le portes, dans ton ventre, une assiette cassé, un bras, avec ton nom, inscrit dessus, la date et l’heure, on va tomber, mais on va faire semblant, on va courir plus vite, que le temps qui nous sépare, rattrape-moi par la manche, le visage, les reins, l’eau qui manquait, pour nous donner la vie, mais la terre vous a bouffé les mains, toute l’encre blanche, avant de nous écrire, pendant qu’on dormait, pendant que le ciel, changeait de couleur, du rouge au brun, joli contraste, pendant que nous, on comptait les virages, on comptait les gouttes de pluie, pour faire du sable, sur un chemin d’été, du sable dans la gorge, comme une étoile piquante, dans l’estomac, je te suis maintenant, où es-tu, dans l’ordre du chaos, dans l’éphémère des choses, c’est une très longue attente, c’est un très long voyage, que nous venons, de faire ensemble, à l’angle sec, de nos maisons debout, et je te tiens par la pensée, et pas moyen de s’échapper, je cours, la date et l’heure, non c’est ici, que nous allons, pourrir ensemble, nos destinés, nos matins calmes phosphorescents, quand le soleil se penche, dans nos boussoles, on va tomber, tiens-moi la main, jeune pousse, je viens de comprendre, c’est l’odeur qui m’attire, y a comme un parfum, des visages collés, ma bouche pour t’embrasser, partout où tu respires, et j’accélère, je sens les vibrations, le vent, l’air de la plage, qui nous a cassé le dos, comme une machine, un mouvement répété, dans le corps de l’autre, mais tout s’arrête un jour, j’entends pas, venir quelqu’un, je colle mon oreille, contre la paroi, ta peau, le bel ensemble, des ronds dedans, autour, écrire sur de la soie, on voudrait dire des choses, on voudrait dire des choses, à ceux qu’on a aimé, mais on a peur, du vide, on tremble, comme une flaque installée, dans une épaule, on s’échappe, on prend appui, comme une larme, tombée dans un verre d’eau, ça déborde, les sentiments, je les contourne, je les chante à ton cou, dernier baiser, sur la pierre, ancienne et mauve, et toute blanche, quand il y a du soleil, mémoires épuisées, des voix de tous les jours, et puis les autres, j’apprends vos corps, vos lignes et vos discours, vos angles, et l’horizon perdu, dans vos yeux, pour toujours, ai-je encore le temps, le temps de faire un tour, pour que tu me regardes encore, je serais là, je serais là, retour au monde, retour,
au, monde, et je m’élance, et je m’élance, retombe, une pierre en face de moi, blanche, quand il y a du soleil, les barques

by d i v on 1 décembre 2012 at 10 h 59 min. #

Merci d i v,
pour le poème
et pour le sens même
du rêve.

by claire on 1 décembre 2012 at 14 h 46 min. #

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