Bus ligne 3
par claire le 7 février, 2016
cette dame d’un certain âge, sûrement rousse autrefois, aux cheveux longs. je l’observe à la dérobée, qui regarde par la vitre défiler les maisons sans grâce, les petits commerces. de chaque côté de son visage deux peignes de plastique relèvent des mèches encore cuivrées, sur fond de chevelure grise.
elle s’est assise près de moi, accompagnée d’une odeur d’ enfance : celle de la pommade rosat.
(on tournait le tube, c’était le seul rouge à lèvres autorisé)
je revois la couleur tendre, translucide (rose ou rouge), et les petites peaux cartonnées sur les lèvres, qui s’amollissaient, se soulevaient dans tout ce gras, et qu’on déchirait doucement, laissant la muqueuse à nu, neuve. je revois les fissures qui s’ouvraient parfois, et saignaient, au milieu de la lèvre inférieure…la couleur du sang un peu orangée, son goût de fer.
ça faisait plus mal de le voir chez une autre fille.
comment les enfants s’occupent de leur corps, de ces petites douleurs qui se perdent à l’âge adulte.
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