Claire Ceira

2 fins, au choix

par claire le 16 juin, 2014

la nuit tombait vraiment.
elle marchait à côté de moi sans répondre
et j’étais si étreint de ce silence
envahi de ce que j’avais péniblement sorti de moi
de ce que j’avais réussi à dire
que je ne pouvais pas lever les yeux vers son visage.

elle était encore vêtue de noir, ce soir-là
comme tant de filles de son âge
la main blanche
les jambes perdues dans l’ombre qui monte
le sol se déroulait sous nos pas
gravier, herbes.

1

elle tirait brièvement sur sa cigarette,
tapotait la cendre, à sa manière
et j’ai soudain ressenti que c’était le dernier morceau de temps
qui existait entre nous
ce fin cylindre blanc
qui se consumait, sa braise rouge.

En approchant du perron
elle a écrasé le mégot sur le ciment rugueux
et monté les marches
sans un mot.


2

le sentier menait au bord d’une sorte de longue terrasse
la nuit remplissait tout l’espace au-dessous,
je suis resté en retrait du rebord, auquel elle s’accoudait.

le temps que nous avions passé ensemble, si long
ressemblait à cet espace sombre et profond
qu’elle surplombait
elle a tiré sur sa cigarette,
je voyais son profil éclairé brièvement,
puis elle a dit,
comme parlant à la nuit en bas :
« c’est pas si grave, non ? »

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2 comments

Merci chère Claire, pour ce très beau poème ! Amitié, communion de Marina

by Marina Poydenot on 18 juin 2014 at 11 h 26 min. #

Bonjours, votre texte est très plaisant et profond. Je fait une web radio de lecture de texte qui seront proposé aux banques de son (lire article http://www.freezeec.com/audiobank-des-musiques-libres-de-droits.html )

Si cela vous dit.
Bien à vous.
Marc Aron

by marc on 28 juin 2014 at 13 h 06 min. #

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