Claire Ceira

Orientales (reprise)

par claire le 9 avril, 2013

1/ espace sans désir

j’étais satisfaite enfant, debout sur une jambe
le temps balançait sa corde oblongue du jour à la nuit,
tournait la grande corde et moi je sautais.
le jour chassait la nuit en se glissant dans les couloirs d’arbres
la pie s’abattait sur le toit, criaillant
et le vent couchait l’avoine brillante.

l’eau du robinet en filet immobile
comme une tige de verre
puis en réseau froid
en nappe sur la main,
giclant sur le muret.

2/ désir sans espace

Je m’imbriquerai – j’irai rejoindre
l’espace de derrière qui est si vide
noué aux branches : des bras entre les feuilles
teintes en noir par la nuit
des chants qui forment une résille
et s’enfoncent
dans l’écorce autour des arbres,
le monde des odeurs.

3/ désir sans matière

ils remontent la via ferrata
comme de jeunes arbres en bouquet s’écartent
moi je descends
entre les maisons, les jardins.

j’en vois deux autres
qui sont assises le long du mur à l’ombre :
une chevelure sombre
où brille un chouchou turquoise,
quatre jambes étendues.
j’entends ce que dit
l’enfant pâle
transpirante :
« je suis déjà sous la terre »

4/ sujet sans matière

Le vase bleu qu’on a cassé
en morceaux sur le sol.
un rêve de séduction :
l’homme prend dans la bouche
des cerises qui s’égouttent et s’approche.
(on pose la main sur sa poitrine
comme pour le tenir à distance).
c’est le soir dans la cour,
bien qu’en pleine ville, il n’y a aucun bruit à minuit
à part le vent qui remue
les feuilles dans l’acacia obscur
juste au-dessus de soi.

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