Claire Ceira

baba

par claire le 4 octobre, 2022

Tu biaises ta fatigue
dans des étendues d’herbe sèches
entre les garages et les entrepôts,
les voies royales.
Tu n’es qu’un archer sans arc, flèche à la main.

Tu fais vibrer à sa pointe,
un œil fermé,
l’éclat de platine du ciel muet.

Tu voudrais modifier les interactions
aller jusqu’au sentier des douaniers
mais il n’y a pas de rivage.
L’horizon aveuglé de paperasses.

Et chacun va son chemin
un gobelet à la main
comme un curiste muni de son eau tiède,
rien n’est près de changer.

2 comments

Le poème dans son ensemble traduit l’irrémédiable inconsistance de la relation au monde, tandis que son titre manifeste une forme d’hébétude face à cette situation. C’est à travers un réseau de contradictions insolubles que s’éprouve le point mort de la perspective. À l’ouverture envisagée répond implacablement la fermeture. Que manque-t-il pour se construire un futur, se fixer un cap et s’y tenir ? De la volonté ? Du courage ? Il est certes plus confortable de continuer à se croire en thalasso que se coltiner le réel, qu’envisager de renoncer à quoi que ce soit. Le passage de « Tu » (qui peut aussi bien désigner la locutrice elle-même qu’interpeller son lectorat) à « chacun » généralise le propos à une communauté humaine confrontée aux douloureux enjeux de la modernité.

Merci pour ce partage !

by jfmoods on 27 octobre 2022 at 9 h 24 min. #

Merci de ton regard clairvoyant.
C’est un poème « à contrainte » (dix mots pris au hasard dans un dictionnaire). Il se passe quelque chose de très particulier quand on écrit dans ces conditions : le sens apparaît au fur et à mesure qu’on écrit.

by Claire on 2 novembre 2022 at 21 h 01 min. #

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