Claire Ceira

je ralentis, je reconnais, et je renonce à ce que je dis

par claire le 6 juillet, 2010

on est comme des choses mais on n’est pas entier on n’est que la moitié d’une chose
dure

dont existe
l’exactement
semblable ou symétrique
il ou elle, ce qui s’accolerait à soi
pour fermer l’espace

dans lequel une forme de petit cerveau blond
et amer porte tout ce qu’il faut pour un arbre
s’il pourrit dans la terre

si toi et l’exactement symétrique
– il ou elle
se décollent et s’ouvrent en fente
le germe pointe sa langue pâle

racine et tige
puis feuilles et branches
écorce et bientôt pollen
fertilité de noix
faite de deux exactement
semblables ou plutôt symétriques.

entre les deux coques que nous sommes
dans l’obscurité
d’un espace secret où fermente l’or des pensées
en deux hémisphères reliés.

pensées faites du temps qu’il fait
en nous
entre nous et du temps qui passe.

et le vent doit les visiter comme le froid et la chaleur
comme l’immobilité de l’hiver saisi de presque mort.

la coque des pensées c’est une maison meublée
de tout ce qui est nécessaire
toutes ces choses faites de nos mains, pour nous, pour contenir nos affaires
avec le bois de l’arbre qui naît de toute noix
toute graine
tout fruit
et durcit d’hiver en hiver
grandit l’été, se nourrit par ses feuilles
comme des mains pour tenir la lumière, ses racines comme de petits pieds très fins
pour boire le lait de la terre
pieds-bouches fins, suçant sans trêve
de plus en plus profond en son sein
couverte des frondes riches des fougères
buvant de même, vivantes et non-fausses.

tout est ainsi à sa place, comme les nombres comme les déplacements contrôlés. je ralentis.

mais tout n’est pas comme ta maison
et quelque chose vient s’interposer dans l’ordre des choses : un objet qui sort de toi
quelque chose d’artificiel fait effraction dans la tranquillité
et coule l’or d’un liquide rouge,
quelque chose qui vient de toi, arbre, dont la substance est la tienne
que tu perds et je ne te reconnaîtrai plus bientôt.

comment on ne peut arrêter le flux
ni le reflux là dans le sable
pieds nus on ne peut que voir
sous la lune aimantée cachée
la Grande Marée et son cheval vivant.
on est perdu dans les quatre directions, sans plus marcher.
on a des oreilles pour entendre et des yeux
pour voir le cheval invisible
la marée du désir qui parle
à voix basse, attendant de tout submerger sauf la digue,
et qui vient nous confirmer

dans ce chemin qu’on n’a pas marqué de petits cailloux
qui mène à ta maison où est le repos
où la pensée attend
ce qui ne fut pas représenté : éléments sensations chaos.

la maison qu’on a construite en pensant aux visiteurs.
et je ralentis, je sors du train, je reconnais
je renonce à ce que je disais

sur le seuil posant
appuyant contre les murs
les armes que je retournais
contre moi.

(variation sur « autres balises » de d i v)

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