Claire Ceira

chien et loup

par claire le 21 novembre, 2016

avant d’allumer les lampes
j’ai laissé la lumière grise
du crépuscule entrer par la grande baie
– elle a envahi la pièce
j’ai ouvert pour que la rumeur
de la pluie entre aussi.

elle disait que tu n’existes plus
depuis longtemps, que ton âme
s’est réfugiée dans la pluie

dans toutes les pluies qui tombent
sur les toits d’hôpitaux sur les champs labourés déserts
les arbres tendant au ciel leurs mains, sur le petit bassin
sur les enfants sortant de leur maison,
et les camions

qui filent rugissant dans la nuit
un homme au volant.
l’homme assis engloutit la route
les stations service et les rond-points

fuit la montée du jour inexorable
derrière les gerbes que ses roues soulèvent,
comme un guerrier mort que la défaite
n’a pas libéré de la guerre.

Pourtant
je parle encore avec toi,
dans la pluie.

3 comments

beau poème, claire, qui dit des choses graves sur notre époque, où nous sommes conduits et conducteurs, avec tendresse
enfin c’est ma lecture

by kelig essim on 25 novembre 2016 at 19 h 21 min. #

Oui, c’est une bonne lecture, plus universelle que ce que j’avais en tête, mais tant mieux.

by claire on 28 novembre 2016 at 12 h 18 min. #

S’il faut voyager dans la mémoire,
Et dans les chapitres
Que je t’ai dédiés,
Je revois ton visage,
Quelque part réapparaissant
Au détour du chemin,

Et je passe le doigt sur ton sourire,
Malgré les rideaux de pluie,
Qui rebondissent sur la terre,
Et l’amollit pour mieux feuilleter,
Les pages du temps dilué,
Inondé d’émotions .

L’œil reste envoûtant ,
Le regard énigmatique ,
Imperméable
A la déroute des ans,
Partis et disséminés,
Au petit bonheur,

Mais le souvenir,
Lui, resté intact,
Retrouvé dans l’écriture fine,
Couchée dans tes lettres,
Comme l’enveloppe ouverte,
D’un poème permanent .

Même, si tu n’es plus…
( comme on dit ) .

–

RC – juillet 2014

–

by René Chabriere on 15 mai 2017 at 12 h 06 min. #

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