Claire Ceira

T.G.V II

par claire le 22 juin, 2010

Monde des voies ferrées, sortie des villes par l’envers des immeubles
des rues, des magasins discount.
on voit les crépis
réduits grillagés, hauts murs borgnes, lucarnes
tags éblouissant tout.
Un bouquet de lignes d’acier
qui s’écartent comme les lèvres du ciel blanc
l’architecture métallique et vieillotte au-dessus
et le long de votre flanc – coulant à la même hauteur
les glissantes voies rapides pleines d’autos alignées mouvantes
si nombreuses et à peine entrevues, comme menées par rien.

Ces terrains réellement sauvages de terre retournée, déversée en longues buttes rectilignes ou anarchiques ;
parcelles de végétation confiée au hasard où nul jamais ne se risque.

Sur un monticule d’ordures, dressée contre le ciel pâle, une silhouette humaine occupée à quelque ramassage, ou à un tri…
mais peu à peu on sort, c’est la campagne.

———————–

Quand je roule en arrière, la nuit
chaque lumière semble aller à regret vers l’avant du temps
et la nuit referme ses deux mains dans un geste doux et sans fin
pour tenter de la saisir.
la nuit charbonneuse aux arêtes luisantes
d’obsidienne, où chaque goutte
coule à l’horizontale
dans les cheveux noirs des heures qui passent.

——-

Il y a la lumière du jour luisant sur les eaux, remontant
aspirée par l’éclat des franges, des trous éclatants des nuées.
Il y a cet oiseau gris au flanc de la forêt, dont le vol escalade la muraille verte.
Et derrière les murs
au-dessus des talus, l’herbe mêlée de bourrache, plumeuse et mauve.

——–

Structures boulonnées suspendues
peintes en brun ou gris, filins – tunnels lépreux
arcs en plein cintre incrustés de suie.
la chanson qu’on aime se mêle aux annonces du bar en voiture 4
aux acacias verts dans les petites gares qu’on effleure – et toi où es-tu
sur la surface de la Terre ?

——–

là-bas, un garçon infirme n’est plus
sa coque vide porte encore
les traces de sa sueur et la forme de son corps
elle devra être jetée quelque part.

comme ces espaces que je parcours
se jettent à l’envers dans le passé
l’amour survole – rasant – les bosquets noyés
de clématite sauvage.

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