accident
par claire le 2 janvier, 2012
je vous écris d’un pays
où m’a conduit une coupure
et la lame qui brille encore
à moins que ce ne soit une grille
au bout d’une glissade
sur l’eau du sol mouillé dans le soir.
je vous décris l’endroit exact
que le sang teinte encore
d’un fantôme de jambe parfaite, qui allait droit où il faut.
ce sang ne s’est pas mélangé
malgré le temps dans la tourbe acide
je ne l’y ai pas laissé entrer
ni dans les failles de ma terre,
que percent mes racines
ni dans les grumeaux du temps
parce que je le veux rouge encore,
sang de la perfection de la jambe,
sang du suspens des morts,
laqué, chaud.
C’est de cet endroit que j’écris
où brillent lames et lumières
où je suis étranger aussi
coupé au milieu reconstruit
mi homme mi sirène,
voix belle.
faible et fort las de tout
je tiens sur ma jambe broyée,
si droite
tout mon corps est une colonne
quand je reste ainsi sur le bord
l’eau du fond se teinte toujours
et la mer toujours s’y noie,
tire sur le fil et gémit.
je vous écris du bord du tableau,
de là où le fond parle seul
dit autre chose
tandis que l’oeil parcourt en diagonale
la totalité de l’oeuvre, du livre
et du fond de la mer –
je suis le marin attaché au mât.
4 comments
J’adore la tournure de style qui donne un relief particulier à ce texte. Ainsi que le regard détaché, qui contraste avec l’usage de la première personne ; cela semble une appropriation d’une autre histoire… En tout le résultat est plus que réussi.
by Christophe (Hamster) on 26 février 2012 at 14 h 01 min. #
c’est une appropriation (une double appropriation, suivie d’un échange, suivie d’un texte).
t’es intuitif 🙂
by claire on 27 février 2012 at 9 h 43 min. #
Un beau texte dans lequel entre l’humain et son corps c’est certainement pour cela que je l’aime, cette écriture au bord du tableau j’y sens une pénétration jusqu’à l’homme.
by lutine on 3 mars 2012 at 23 h 03 min. #
merci lutine, c’est un poème qui parle de la castration.
by claire on 5 mars 2012 at 11 h 10 min. #