Claire Ceira

livre

par claire le 16 juin, 2015

si j’ouvre le livre à une page au hasard, et si elle ne porte aucun signe
alors je suis du bon côté, dans le bon pays pour écrire
la fente d’ombre au milieu,
rectiligne
l’épaisseur de ce qui n’est pas lu, des deux côtés
il faut s’enfoncer dans cette ligne d’ombre
entourée de deux plages de neige.

c’est là que je marcherai, là seulement je te verrai peut-être venir de loin
un seul visage – une seule démarche – une seule façon de sourire

le livre est celui qui contient quelqu’un,
toutes les pages sont l’histoire d’une compréhension
l’histoire de la lignée, de ses ramifications
l’histoire du passé avec ses images et ses immenses trous d’oubli
du futur inconnu.
le livre est un pays, les bords des pages des frontières.
les innombrables signes sont tes coutumes, le goût de ta nourriture.
le livre est le pays d’un seul habitant.

devant moi, une ligne d’arbres aux branches remuées par le vent
une vieille femme en rouge vient vers moi
son chien en laisse.

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