Les destinées (parc Montsouris)

« Nous sommes les pensionnaires de l’hospice contigu, ce lieu est notre jardin où nous nous détendons, délaissons nos nerfs. C’est notre espace, nous savourons cette trêve quotidienne, longuement, la fissure qui nous creuse s’adoucit, nous ne disons mot. Rien ne nous perturbe plus, les cris s’estompent, laissant place à une clairière. Voyez ces pelouses déboisées.

Nous montons, descendons, profitant de cette drôle de fortune. Nous pensons au palais du Bardo qui périt dans l’abandon et les flammes, nous sommes les miraculés de l’hospice et marchons, lentement dans la même direction. Nous ne brisons jamais le rituel. Si nous semblons anarchiques nos bases sont solides. Nous passons pour fous, le vague et le flou nous transpercent, c’est ainsi.

Le soir nos nerfs se rafraîchissent, les choses déclinent et s’élèvent. Nous chérissons notre dû, ce parc qui nous est lié, nous le buvons, le soignons et il nous soigne. Nous voilà satisfaits de ce qui jamais ne nous a été permis, c’est ainsi.

A l’hospice les gens se comportent mal, se plaignent et s’ennuient,  mais ici, il n’y a rien qu’un pansement soigneusement appliqué. Notre hospice est blafard, livide, les rayons ne l’atteignent plus toujours, la mélancolie fait rage. Nous ne pensons à rien d’autre qu’à une réconciliation de l’instant dans ce beau jardin. Nous célébrons l’assoupissement des choses monsieur. Ce jardin est une issue superbe à cette drôle de vie, marchez un peu. »

 

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