Le voyage arbitraire

Un bon ami, en voyage, est un moyen de locomotion. Une sorte de support qui nous empêche de nous épuiser. Qui avance vite ou lentement et dont les roues motrices s’accordent à nos désirs de contemplation. On voyage parfois avec le cercueil noir de la télévision, mais ce n’est pas suffisant. Le plus réjouissant, d’ailleurs, serait un support dépourvu de roues et totalement détaché du sol et ses anfractuosités, ses secousses, il serait pur lit de rêve. Ce qui est à souhaiter pour ce plein éveil, c’est une simple bulle protectrice, face au chaud ou face au froid.

Cette bulle serait souple et tellement robuste. Eruptions volcaniques, monts enneigés, toutes sortes d’inaccessibilités seraient à nous, bref, accessibles selon l’humeur. Et l’humeur serait vagabonde, mais dans un insaisissable contentement des choses, car plus rien ne serait à désirer, puisque tout serait accessible. Aucune cascade, aucune chute d’eau, aucun torrent agressif ne différeraient du calme plat d’un lac. Et pourtant, cette bulle contiendrait toute la vitalité du monde, et tout son apaisement.

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