La montée des Champs-Elysées (Munch)

LA MONTEE DES CHAMPS-ELYSEES  (MUNCH)

Le teint blafard, les yeux écarquillés, les fantoches de nerfs montent l’avenue glorieuse, noircie, oubliée. Les fantoches de chair, la nuit tombée, avalent l’avenue, le maigre plaisir du foyer, encore en gestation, se profile tout au bout. Une peur citadine et séculaire les anime, les envoûte à ce point qu’on dirait une procession funèbre, une marche brisée, larvée, ralentie. L’une effraie sa voisine, elle, pareillement vêtue de deuil, hume l’air noir et lui crache sa fumée.

Interrogation qui ne souffre aucune réponse, c’est l’heure de la rentrée chez soi, l’énormité de l’œil collé au néant. L’avenue chantée, l’avenue éternelle, un ton violacé, une rengaine circule dans ce labyrinthe coté, une accumulation d’oreilles, de nez anesthésiés, des bouches plus noires encore que la nuit.

Déserte, fatiguée, jadis abondante, l’avenue persiste. Les femmes comme usées par l’amour et le sexe, les femmes dont les attributs les ont faites plus sombres, pâles comme des pierres, plongées en soi dans ces heures de flottement, les femmes comme dépossédées montent l’avenue princière.

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