L’épicurisme ou le faux bonheur.

Les bonheurs dits épicuriens sont des bonheurs basiques et le principe même des bonheurs non-immanents. A savoir, s’il on peut faire une délimitation également des bonheurs immanents : imminence, évanescence, insouciance (absent de l’épicurisme on le verra)… L’épicurisme est fait de bonheurs de surface et de parade, sans profondeur. Ils sont les reliefs, particulièrement plats, d’une absence de vie intérieure.

L’ataraxie n’est pas à prendre comme une cessation du trouble, mais comme un meurtre du sentiment, une ablation de la sensation plus vivace encore que dans le bouddhisme, et la fraternité est ici également un bonheur de parade. La peur de la mort est le foyer de l’épicurisme dont la recherche anéantit les bonheurs qui pourraient la susciter et donc précipitent les bonheurs dans la cessation de l’immanence et par extension dans une forme de nihilisme particulièrement virulent (culte de l’égo, intolérance aux autres formes de pensée plus vitalistes). Cela est bien plus présent encore que dans le bouddhisme ou le stoïcisme et la mort est diffusée dans les dits plaisirs réduits ainsi à leur minimum (manger, pisser, chier, cultiver son égo).

Cette parade est éminemment le signe d’une fermeture sur le monde et de la connaissance, seulement rendue possible par la sensation (la sensation propre à l’épicurisme, si on s’en tient à sa doctrine, est celle de l’éructation). Elle est une clôture, non pas cachée, au sens d’une absence-présence à ce monde chère à Blanchot, ni même paradisiaque, mais au véritable sens développé par Dostoïevski de l’idée de sous sol et d’arrière monde. Le comparatif avec la philosophie du jardin semble assez superflu mais compréhensible dans l’intolérance à l’autre et la valorisation du moi (là encore sans idée voltairienne d’évolution). Cette mort dans la vie est tout à fait compatible avec la pensée religieuse anglosaxonne, dans ce qu’elle peut avoir comme frayeur face à l’autre et la vie en général, frayeur sublimée par le genre de l’horreur, ou défiée par la pornographie qui est dans la continuité de l’idéologie de la haine du plaisir.

Il ne peut sortir d’une culture de la claustration qu’une idée de la pureté falsifiée et masculinisée, seulement rendue vivable par l’art qui est l’ennemi de l’épicurisme.

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