PONCIF
j’ai vécu un milliard de rêves de trains un milliard de poèmes à la suite
tous dans mon cerveau
tous ligotés à ma propension à voir, laisser passer les désirs
j’ai si bien vécu
ce train qui mène, s’insinue le jour de gares en gares
l’inde profonde, la campagne française, européenne
j’ai tout vécu par ces rêves tout le possible du monde par mon cerveau
le voyage se fait, précision du wagon dans le brouillard de l’inconscient
j’ai façonné le moindre détail, la moindre nervure, le sourire de la passagère
à chaque fois, toujours on se serait cru dans un téléfilm
le train avance comme s’insinue le serpent dans une vigne
le train rural, fait d’acier, train ancien lorsqu’on savait voyager
la terre à chaque fois est riche on dirait une inde profonde
la poitrine d’une femme
une jungle comme on la projette dans l’enfance
il n’y a plus de temps autre que ce soleil factice, déclinant, brûlant
un long train à chaque fois me brûle et je dois m’arrêter