En pénalisant la drogue ou tout au moins en la condamnant au nom de l’expérience de l’âge adulte on s’attaque aux fondements de l’homme : on lui refuse des molécules de bonheur. On ne lui parle pas seulement des dangers qui existent réellement, on l’empêche de s’épanouir autrement que par la soumission – pointant la drogue comme telle.
La société totalitaire est celle qui a perdu toute tolérance, toute capacité à aimer ses fils. On abolit la vitalité, on ordonne de penser de telle manière et surtout de réagir aux sentiments de telle manière. Si bien qu’il n’existe en définitive aucune manière de s’évader.
La drogue est habituellement présentée comme une mauvaise chose : artificielle, elle ne permet pas de se connaître. Le naturel est exclusivement en soi – mais ce qu’on est n’est-il pas fait d’apports extérieurs, ou bien ces apports ne permettent-ils pas de plonger davantage en soi ?
La défaite de l’homme face à sa propre nature entraîne des générations d’aveugles et de désespérés dans une société donnée et qui n’ont pas la moindre fierté de lui appartenir.
En refusant les molécules de bonheur aux autres ou à soi, c’est soi qu’on refuse, et soi, c’est le naturel.
En refusant le bonheur à des générations de jeunes, c’est le naturel d’une société qu’on refuse et surtout on fait d’une jeunesse, de ses propres fils, avant qu’ils ne se perdent dans nos rangs un nid de désaccords et d’étrangeté.
A vrai dire, c’est le naturel de la drogue qu’une société donnée supprime et rend artificiel. Car la drogue lui est antérieure. Plus une société se désocialise, – plus elle perd de son naturel – plus la drogue devient artificielle.
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