BRIBES

tu portes la légèreté d’une enfance pervertie
qui tarde à se dissiper, t’enfouit dans ses rires
ses nausées ses impressions que tu traînes

à longueur de journée comme un fardeau
tu es cette plante nue qui se passe de lumière
confinée dans sa chambre où le rayon ne touche

ni ne franchit ce drame que tu joues à répétition
que tu nourris avec l’eau usée de tes racines
aucune lumière ne pourra plus rien pour toi

mouvement lancinant, cercles concentriques enfouis
toi seule est la mélodie le cri qui vire aux aigus
la voix qui s’enroue et monte à la tête

toi seule la psalmodie, le terreau que je fertilise
avec cet amour, cet amour tellement étrange après
presque plus fort, plus véridique

encore un peu et s’impose cette assurance
cette élasticité à toutes épreuves
cette sensibilité à fleur d’orage

tu me plantes dans ta solitude viciée
ton incandescence habitée
me fortifies et me saoules d’un vin mûr

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