Lettre à un décadent fantasmé.

Ce seul plaisir, d’une sorte de merveilleux, d’occulte et d’inaudible, cette sorte de baragouin sourd qui aurait un sens et constitue ta relation à l’art et au passé, est la marque la plus représentative de ton repli dans la bourgeoisie*.
Il ne s’agit même plus de collectionner des preuves d’authenticité comme le font les bourgeois avec les objets d’art, mais de repousser l’effort d’être investi de quelque chose d’authentique, parce que trop sensé, trop élimé, dont la vérité risquerait de te perdre.
Par ce biais pourtant, la connaissance la plus froide t’est permise, c’est comme si tu avais visité les fondements de l’art et du sensible, mais sans jamais t’être aventuré dans le sens clair et distinct, ou devrais-je dire, la vérité qui fait sentir, autrement que par les fondements qui ne sont qu’un amas de violence.

*Car c’est bien cela qui la caractérise : le silence continuel, silence de l’émotion, silence de la révolte, silence de la prise de parole, silence de la volonté. Et toujours, calcul grossier des solutions à apporter à ce silence, avec l’appui des grosses pattes de la condition sociale.

C’est ainsi que la connaissance s’accumule, froide, ou tant mortellement froide qu’elle en devient tiède, comme la volupté se plait à faire, une volupté de violence et de mise à distance.

…et ainsi que tu fourvoies la seule connaissance possible qui puisse te lier au monde du dehors. On pourrait parler, à ce titre, d’une lente ingestion du sens dans la nuit de l’estomac.

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